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Nouveaux massacres de civils dans l'est de la RDC

Pascal Mapenzi
16 juillet 2025

La semaine dernière, au moins 40 personnes ont été tuées lors d'attaques contre des localités situées à la limite entre les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.

Des femmes et des enfants sont assis au milieu des décombres d'une auberge incendiée par des hommes armés dans l'est de la RDC
Dans l'est de la RDC, les popluations s'impatientent de voir les armées congolaise et ougandaise, en opération conjointe dans la région depuis 2021, vaincre enfin les ADF.Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Paul Aningimonzi assiste à l'arrivée des corps à la morgue d'Oicha. Jusqu'au 12 juillet dernier, au moins 24 corps sont arrivés dans cet établissement.

Les cadavres ont été ramenés de la brousse par des jeunes volontaires, sur des motos, emballés dans des sacs de fortune. L'émotion était grande à la morgue, où les familles sous le choc sont venues récupérer les leurs pour l'inhumation. Mais Paul Aningimonzi a du mal à retrouver les corps de quatre membres de sa famille : "Nous sommes ici, nous attendons les corps de papa, de maman, de notre sœur et du beau-frère. Leurs corps n'ont pas encore été retrouvés. Il est aussi difficile d'identifier les différents corps qui arrivent amputés de certains membres".

Prince Karafuli, lui, a réussi à s'échapper lors de l'assaut rebelle sur sa localité, mais il a été blessé par un coup de machette. Nous l'avons rencontré à l'hôpital où il est pris en charge.

"Ils nous ont surpris à deux heures du matin. Après, ils nous ont ligoté les jambes et les mains par-derrière. Peu après, j'ai senti un coup de la machette sur mon oreille gauche, j'ai crié et par la grâce de Dieu, le fil commençait à se délier et j'ai pu m'enfuir. J'ai passé la nuit caché dans un champ de cacao et je perdais beaucoup de sang. Le matin, je me suis échappé vers le sentier qui mène au village, et c'est là que les bons samaritains m'ont aperçu et m'ont amené ici à l'hôpital".

Nouvelles offensives annoncées

Sept localités du territoire d'Irumu, en Ituri, et du territoire de Beni, au Nord-Kivu, ont été ciblées par ces attaques qui ont eu lieu entre le 8 et le 10 juillet dernier. Des attaques attribuées aux rebelles des forces démocratiques alliées, les ADF, un mouvement islamiste affilié à l'Etat islamique depuis 2017.

Il y a une semaine, les armées ougandaise et congolaise ont lancé de nouvelles offensives. Selon le colonel Guillaume Njike, porte-parole de l'armée en Ituri, l'objectif est de réduire les capacités de la rébellion.

"La capacité de nuisance de l’ADF ne mérite pas un relâchement" (Richard Kirimba)

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"Depuis dimanche (6 juillet), dans le cadre des opérations conjointes, les FARDC (l'armée congolaise) et l'UPDF (l'armée ougandaise) ont lancé des opérations contre le bastion des ADF pour les mettre hors d'état de nuire. Soit ils se rendent, soit ça sera leur neutralisation".

Manque de coordination 

Mais pour Richard Kirimba, de la société civile locale, il faudrait mieux coordonner les opérations militaires des deux armées dans la zone où l'ADF est active, située à la limite entre l'Ituri et le Nord-Kivu.

Il se désole, par ailleurs, de constater que ces nouvelles tueries occasionnent la fuite de cultivateurs qui venaient de se réinstaller dans leurs champs, à l'approche de la saison des grandes récoltes du cacao.

"La capacité de nuisance de l'ADF ne mérite pas un relâchement. Nous voudrions que les forces engagées dans ce combat puissent renforcer leurs capacités de prévenir et d'anticiper".

En plus des 24 corps déposés à la morgue d'Oicha, d'autres ont été acheminés dans la ville voisine de Beni. Selon des sources locales, d'autres corps seraient encore présents dans des champs non-accessibles.

Selon les témoignages des rescapés, des dizaines d'autres personnes ont été portées disparues au cours de ces attaques.