Nouveaux troubles dans le sud de la Chine
22 décembre 2011On reste prudent à Wukan. La police a libéré jeudi l'un des leaders de la rébellion. Elle s'est par ailleurs engagée à rendre aux villageois le corps d'un autre meneur, Xue Jinbo, mort en détention.
A l'origine de la révolte de ce petit village côtier de la province la plus peuplée de la République populaire : la vente de terres agricoles par des cadres locaux à des promoteurs. Un acte jugé illégal par les citoyens de Wukan qui dénoncent par ailleurs la corruption de leur gouvernement : « Les autorités nous ont pris beaucoup de terres. Comment ont-ils pu les vendre à un promoteur ? Nous voulons récupérer notre terre. »
Soif de réformes
Pour apaiser la population, les pouvoirs locaux ont annoncé qu'ils rachèteraient 27 hectares de terre précédemment cédés à un promoteur. Ce ton conciliant semble indiquer qu'ils prennent la colère de Wukan au sérieux et qu'ils craignent une contagion au reste du pays. Malgré la censure, le soulèvement a fait grand bruit notamment sur internet et pour Willy Lam, spécialiste de la Chine à l'Université chinoise de Hongkong, ce n'est que le début :
« Selon des estimations chinoises, il y a, en Chine, plus de 100.000 actes de protestation par an. Pékin fait face à des défis énormes. Si le système politique ne se réforme pas et surtout si rien n'est entrepris pour lutter contre le phénomène toujours plus grave de la corruption, cela pourrait devenir dangereux pour le pouvoir. Une large révolte contre le gouvernement central est envisageable. »
Depuis mardi, des milliers de personnes manifestent aussi dans la ville de Haimen, également située dans la province du Guangdong. Cette fois, c'est la pollution causée par une centrale thermique au charbon qui est en cause. Des vidéos amateurs montrant les forces de l'ordre réprimer violemment les manifestants ont circulé sur internet.
Auteur : Konstanze von Kotze
Edition : Sébastien Martineau