Nouvelle vague de procès politiques en Iran
25 août 2009Cette fois, ce sont les « conspirateurs » mêmes des émeutes, pour reprendre les termes de l’agence officielle iranienne Irna, qui sont jugés lors de cette quatrième session du Tribunal révolutionnaire. La radio d’Etat a indiqué que l’audience avait commencé ce matin, néanmoins sans fournir de précisions sur l’identité des accusés. On sait seulement que plusieurs proches de l’ex président réformateur Mohammad Khatami devraient comparaître, ses anciens ministres notamment, comme par exemple Saaed Hajjarian, figure de proue du mouvement réformateur. On trouverait également des intellectuels et des journalistes modérés sur le banc des accusés, notamment des proches de MirHossein Moussavi, le principal rival du président iranien.
Quels sont les chefs d’accusation ?
Tous sont jugés pour « atteinte à la sécurité nationale », une infraction passible de la peine de mort en Iran. Le procureur les accuse d’avoir coopéré avec l’Occident pour mener un coup d’Etat en douceur. C’est là toute la stratégie de ces procès spectacles, procès spectacles car, rappelons le, une jeune universitaire française, Clotilde Reiss, et deux employés des ambassades britannique et française ont également comparu devant les Tribunaux. En fait, Téhéran joue la carte de la théorie du complot par les pays occidentaux, qui viserait à éliminer la République islamique d’Iran. L’étranger, un beau bouc émissaire donc, qui permet au pouvoir de fermer les yeux sur la réalité du mécontentement de la population. Et de rassembler les Iraniens derrière un front commun contre les pays occidentaux qui se mêleraient des affaires iraniennes.
Une nouvelle étape de franchie contre les forces réformatrices
Aujourd’hui, le pouvoir prouve qu’il est plus que jamais décidé à combattre l’opposition réformatrice comme l'explique Peter Philipp, ancien journaliste à la Deutsche Welle et spécialiste de la région :
« Cela montre qu’il n’hésite pas à prendre des mesures contre des personnages importants, ce qui va peut être même mener à des tribunaux contre les deux grands opposants des élections, Moussavi et Karoubi. »
Les grands leaders du mouvement d'opposition seront-ils aussi jugés? Réponse dans les prochaines semaines. Dans tous les cas, les procès de cette sorte augmentent la peur de la population de participer à de nouvelles manifestations.