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Nucléaire : la césure de Fukushima

Sandrine Blanchard | Christoph Hasselbach
11 mars 2021

La catastrophe nucléaire de Fukushima, il y a dix ans, a accéléré l'abandon des centrales nucéaires en Allemagne. D'autres Etats voient dans cette source d'énergie une chance pour le climat... et une arme à conserver.

Le séisme, le tsunami et la catastrophe de Fukushima en 2011 ont fait au moins 18.500 morts au Japon
Le séisme, le tsunami et la catastrophe de Fukushima en 2011 ont fait au moins 18.500 morts au JaponImage : Asashi Shimbun/epa/dpa/picture alliance

Le Japon a commémoré le triple cataclysme qui l'a frappé il y a dix ans exactement : un séisme puis un tsunami ont provoqué le 11 mars 2011 la fusion de réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Cette catastrophe a causé la mort de 18.500 personnes et provoqué la fuite de dizaines de milliers d'autres. Mais au-delà des victimes directes, elle a également eu des répercussions bien au-delà du Japon.

Un sommet sur l'intégration qui fait débat en Allemagne // De nouveaux projets à Fukushima dix ans après la catastrophe

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Un accident hors normes

Le 11 mars 2011 se produit l'un des plus forts séismes qu'ait connu le Pacifique. Des vagues immenses submergent la centrale japonaise de Fukushima et ses circuits de refroidissement tombent en panne. Dans les jours qui suivent, trois de ses six réacteurs entrent en fusion, provoquant l'accident le plus grave que puisse rencontrer une centrale. Le monde n'avait plus vu de telle catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl, en 1986.

La différence cette fois-ci, c'est que l'accident se déroule au Japon, un pays qui maîtrise la haute technologie. Alors les plus sceptiques commencent à douter de la sûreté de l'énergie nucléaire.

Une Allemagne anti-nucléaire

C'est sans doute en Allemagne que le revirement est le plus spectaculaire après l'accident de Fukushima.

La chancelière allemande, physicienne de formation qui défendait encore le nucléaire à des fins civiles en 2006, le remet en question trois jours après la catastrophe :

"Cela a des répercussions nucléaires indiscutables. C'est pourquoi cette terrible catastrophe n'affecte pas seulement le Japon. Elle représente une césure pour le monde entier, l'Europe, l'Allemagne", déclare alors Angela Merkel. "C'est la raison pour laquelle nous allons renoncer à la prolongation prévue de la durée de vie des centrales nucléaires allemandes."

Deux semaines plus tard, les écologistes sont élus à la tête du Land du Bade-Wurtemberg, jusqu'à présent dirigé par un défenseur de l'énergie atomique.

Trois mois après, le Bundestag décide de renoncer définitivement au nucléaire d'ici la fin 2022.

Ce n'est qu'en mars de cette année que les pouvoirs publics ont trouvé un accord de dédommagement pour les entreprises du secteur de l'énergie : 2,4 milliards d'euros, qui seront payés par le contribuable.

Aujourd'hui, tous les partis allemands sont réservés sur le nucléaire, hormis l'AfD (extrême-droite) qui y voit une source énergétique stable et peu onéreuse… contrairement au gaz qui renforce par ailleurs la dépendance de l'Allemagne aux importations venues de Russie.

Au nom du climat...

Ni le Japon, ni la France, ni la Grande-Bretagne, ni les Etats-Unis n'ont renoncé à une source d'énergie qui émet peu de CO2.

D'ailleurs, même l'activiste écologiste Greta Thunberg estime que le nucléaire pourrait représenter "une infime partie d'une vaste solution énergétique pauvre en dioxyde de carbone".

Les énergies renouvelables, plus pérennes?Image : Wagner/Fotostand/picture alliance

Jochen Flasbarth, secrétaire d'Etat allemand au ministère fédéral de l'Environnement, appelle de son côté à bannir totalement le nucléaire qu'il considère comme beaucoup trop dangereux puisque même les Etats qui maîtrisent les technologies de pointe comme le Japon ne parviennent pas à le contrôler.

Selon lui, le nucléaire "n'est pas une source d'énergie pérenne. Les Etats qui n'ont pas misé sur les énergies renouvelables vraiment durables seront perdants." Et il se pose le problème d'un nucléaire mal maîtrisé dans des pays en développement, comme en Afrique.

... ou de la dissuasion

Mais le nucléaire est davantage qu'une source d'énergie comme le rappelle Wolfram König. Président de l'Office fédéral pour la sécurisation des déchets nucléaires, il rappelle que "l'utilisation de cette technologie à des fins civiles a toujours été couplée dans le passé à la question de son utilisation militaire."

Malgré Tchernobyl et Fukushima, et en dépit du traité onusien sur la non-prolifération de l'arme atomique (TNP), jamais aucune puissance nucléaire n'a indiqué qu'elle y renonçait. Ni à ses stocks, ni à sa production.

 

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