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Omar el-Béchir de nouveau devant la justice

21 juillet 2020

Omar el-Béchir était devant la justice de son pays ce mardi (21.07.2020). L'ex-président soudanais est jugé à Khartoum pour son coup d'Etat en 1989.

Sudan Präsident Omar El Bechir
Image : AP

C’est un procès inédit dans le monde arabe qui a démarré au Soudan, celui d’Omar el-Béchir. L'ex-dirigeant de 76 ans ainsi que 27 autres accusés, dont des militaires et des civils, risquent la peine de mort pour avoir renversé le gouvernement démocratiquement élu du premier ministre Sadek al-Mahdi il y a 31 ans. 

Pour la première audience du procès qui n’a duré qu’une heure, le juge à la Haute cour, Essam Eddin Mohamed Ibrahim, a tenu à préciser que "ce tribunal est prêt à recevoir toutes les demandes, objections ou quoi que ce soit. Ce tribunal se tiendra sur des bases neutres vis-à-vis de toutes les parties de cette affaire."

Donner des gages au peuple

191 avocats sont chargés de la défense. Il faut dire que jamais l'auteur d'un putsch réussi n'avait été jugé au cours de l'histoire récente dans le monde arabe. 

Mais pour l'éditorialiste et écrivain Sedik Abba, ce procès vise avant tout à donner des gages au peuple soudanais. "Il ne faut pas espérer que ce sera un procès révolutionnaire qui va emmener dans les autres pays les militaires à être découragés. Parce que souvent les coups d’Etat sont inspirés par les situations internes. Même si c'est une première que les auteurs d’un coup d’Etat soient jugés dans le monde arabe, cela reste tout de même une question soudano-soudanaise avec une arrière-pensée : celle de donner des gages à une population qui n’est pas encore convaincue que la page el-Béchir a été tournée" explique t-il.

Omar el-Béchir avait déjà été jugé dans une affaire de corruption qui lui a valu sa première condamnation, en décembre à Khartoum, à deux ans de détention dans un centre correctionnel pour personnes âgées.

Des réfugiés soudanais dans le camp de Zam Zam dans le nord du Darfour en 2015.Image : Getty Images/AFP/A. Shazly

Le Darfour, un autre dossier en perspective

Le Conseil souverain soudanais, constitué en août 2019 pour superviser la transition politique, a laissé entendre que l’ancien chef d’Etat soudanais pourrait être remis à la CPI. Un point sur lequel Sedik Abba émet des réserves. Selon lui "le fait qu’il soit condamné au Soudan et qu’il soit emmené à purger sa peine au Soudan est un argument que les autorités soudanaises vont opposer à la CPI pour ne pas le livrer. L’armée a quand même été impliquée dans la répression au Darfour. Les poursuites contre el-Béchir pour crime de guerre et de génocide, il s’agit de faits qui ont été commis au Darfour et dans lesquels aujourd’hui encore une partie de la hiérarchie militaire est impliquée."

Dans le conflit du Darfour qui a débuté en 2003, les milices arabes pro-régime Janjawid ont terrorisé la population de la province occidentale faisant, selon l'Onu, 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés. 

Dans le procès qui s’est ouvert aujourd’hui, Omar el-Béchir et ses coaccusés sont appelés à comparaître de nouveau le 11 août prochain. Destitué le 11 avril 2019 par l'armée sous la pression de la rue, l’homme qui a régné sur le Soudan pendant 30 ans risque à présent la peine de mort.