Opération Achille
7 mars 2007« S’il doit y avoir une offensive de printemps, alors que ce soit la nôtre », déclare la Tageszeitung, en citant cette déclaration de Condoleeza Rice lors de la rencontre des Ministres des Affaires étrangères de l’OTAN au mois de janvier dernier à Bruxelles. Au vu du désastre de plus en plus apparent sur le front irakien, les Etats-Unis préparaient depuis longtemps le terrain à un renforcement des opérations militaires contre les rebelles de l’Hindukusch.
Pourtant, fallait-il justement choisir Achille, s’interroge la Frankfurter Rundschau, non sans ironie. Lorsque les militaires s’égarent dans les arcanes de l’Antiquité, cela peut faire mal. Mais voilà, l’opération est lancée et il ne reste plus maintenant qu’à espérer que son déroulement et son issue ne soient pas aussi fatals que la mort du tragique héros grec. Peut-être que cette désignation est un acte freudien par lequel les militaires reconnaissent leur vulnérabilité. De fait, cette offensive ressemble plus à un plan de secours qu’à un triomphe potentiel. Et la fixation des Etats-Unis sur l’option militaire empêche le renversement politique que vise l’Europe.
L’OTAN n’a pourtant pas d’autre choix, rappelle la Süddeutsche Zeitung. Elle est au pied du mur pour avoir gravement négligé, en raison de la guerre d’Irak, de démontrer à quoi aurait du ressembler une lutte eficace contre le terrorisme : à savoir la lutte militaire conséquente contre les talibans et Al-Qaïda et la concentration simultanée des moyens nécessaires à la reconstruction d’une société civile libre et civilisée. Et puis, une défaite en Afghanistan serait la fin du rêve de l’OTAN de devenir l’agent de la sécurité du monde. Qui aurait alors peur d’une OTAN qui aurait perdu la guerre en Afghanistan. De fait, avoir baptisé cette opération du nom du héros grec cadre parfaitement avec la situation. Tout comme lui, l’Alliance atlantique à son point faible. Son talon d’Achille s’appelle l’Afghanistan, conclut le quotidien.