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Où va la transition au Tchad ?

30 juin 2022

Plus de 14 mois après l’arrivée de la junte, il n'y a toujours pas de calendrier pour un retour des civils au pouvoir. La transition pourrait se prolonger.

Le président de la junte Mahamat Idriss Déby délivre un message en avril 2021
Le président de la junte Mahamat Idriss Déby délivre un message en avril 2021Image : Brahim Adji/Tchad Presidential Palace/AFP

Preuve que cette transition pourrait se prolonger au-delà des 18 mois : le pré-dialogue. C’est cette rencontre qui doit préparer le dialogue national inclusif censé faciliter le retour des civils au pouvoir.

Entamées en mars dernier puis reportées plusieurs fois, les discussions continuent et les rebelles avaient menacé il y a une dizaine de jours de se retirer des pourparlers.

Participant au pré-dialogue de Doha, Abakar Tollimi estime pourtant qu'il est clair que le CMT traîne le pas.

Le président du Conseil national de la résistance pour la démocratie (CNRD) explique à la DW que "nous avons fait ce que nous devons faire, c’est-à-dire proposer les points essentiels pour que demain les Tchadiens puissent s’exprimer normalement au niveau du dialogue inclusif et que le Tchad puisse entamer la seconde phase du dialogue, à savoir la mise en place des institutions transitoires."

Selon le politologue Evariste Ngarlem Toldé, la transition n’a pas encore débuté

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Il s’interroge : "En quoi sommes-nous (les politico-militaires, ndlr) responsables de la lenteur des négociations ou bien que nous refusions que Mahamat Idriss Déby Itno se présente ? C’est un Tchadien, il a le droit. Sauf qu'il ne peut pas être juge et partie."

Prolongation de la transition

Helga Dickow, de l'Institut Arnold-Bergstraesser de Fribourg en Allemagne, n’exclut pas une prolongation de la transition. Cela donnerait plus de temps à la junte pour s'installer au pouvoir, anticipe cette spécialiste du Tchad.  Elle note un manque de pression internationale sur le Tchad. 

(Re)lire aussi → Au Tchad, une question qui pourrait faire échouer le dialogue

Evariste Ngarlem Toldé, politologue et enseignant-chercheur à l’université de N’Djamena, parle lui d’une transition qui n’a même pas encore débuté. Une pré-transition, selon ses mots, qui va accoucher d’un nouveau gouvernement de transition.  

Il fait savoir sur la DW que "si cela coince aujourd’hui à Doha, c’est parce que les autorités de la transition ne veulent pas qu’on évoque le problème du renouvellement de la transition à Doha. Ce qui n’est pas du goût des politico-militaires pour qui il n’est pas question que la transition soit renouvelée."  

"Tout est à faire"

Une manifestation en août 2021 de la coalition de l’opposition et de la société civile Wakit TamaImage : Blaise Dariustone/DW

François Djékombé, président du parti Union sacrée pour la République, estime pourtant que le dialogue national inclusif est la solution pour la fin de la transition.

Il pense que "ni la rue, ni la rébellion ne sont la solution. Pour nous, ce dialogue est fondamental. Aujourd’hui, tout est à faire. Il n’y a pas de fichier électoral clair. Il y a un recensement à faire. Il y a beaucoup de choses à faire pour pouvoir organiser de bonnes élections au Tchad."

Il y a un mois, un double sommet extraordinaire de l'Union africaine, tenu en Guinée-Equatoriale et consacré entre autres aux putschs, a passé sous silence la transition tchadienne alors que le chef de la junte Mahamat Idriss Déby Itno a passé maintenant 14 mois à la tête du Tchad. 

 

Cet article a été modifié lundi 04.07.2022