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Ouattara - Soro : de la complicité aux désaccords

28 avril 2020

Plus rien ne va entre le président ivoirien Alassane Ouattara et l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, condamné mardi (28.04) à 20 ans d'emprisonnement pour détournement de biens publics.

Senegal Dakar ECOWAS Gipfel Ouattara
Image : Reuters

"Nous sommes dans un cadre d’une justice à double visage" (André Silver Konan, politologue)

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Alassane Ouattara et Guillaume Soro avaient des relations historiquement très fortes. C’est Guillaume Soro, alors jeune étudiant, qui avait créé avec des militaires originaires du Nord une rébellion contre le pouvoir de Laurent Gbagbo afin de permettre à Alassane Ouattara d’être candidat à la présidentielle de 2010.  

Une fois élu, Alassane Ouattara fera de Guillaume Soro son Premier ministre puis le président de l’Assemblée nationale. Mais à partir de là, la relation entre les deux hommes ne va pas résister à l’épreuve du pouvoir.  

Cette dégradation sera accentuée à l’approche de la présidentielle de 2020. Ce qui fait dire à l’analyste André Silver Konan que les relations entre Alassane Ouattara  et Guillaume Soro ont atteint un point de non-retour. 

 "Il y a comme une volonté manifeste du pouvoir RHDP d’éliminer par tous les moyens, donc y compris sur le plan judiciaire, un adversaire qui marche sur la même platebande que le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en l’occurrence sur la platebande du nord", explique l'analyste. 

 

Ironie du sort 

 

André Silver Konan estime que le président Alassane Ouattara, victime lui-même du concept d’ivoirité qui l’avait empêché d’être à plusieurs reprises candidat à la présidentielle, utilise aujourd’hui une méthode similaire. 

"Le pouvoir RHDP qui a été victime de cette propension à l’élimination politique est en train lui-même d’expérimenter l’élimination politique d’un adversaire. C’est l’ironie du sort. C’est un procès qui va manifestement violer les droits de la défense comme cela a été déjà fait pour le cas de Charles Blé Goudé. Nous sommes dans un cadre d’une justice à double visage que certains appellent la justice des vainqueurs", poursuit-il.  

Aujourd’hui, la rupture est donc consommée entre Alassane Ouattara et son ancien bras droit Guillaume Soro. Celui-ci vit en France mais il ne peut pas rentrer car il fait l'objet d’un mandat d’arrêt émis par la justice ivoirienne.  

La Cour africaine des droits de l’homme vient toutefois d’ordonner la suspension de ce mandat d’arrêt. Mais cette condamnation à 20 ans de prison compromet plus encore un éventuel retour de Guillaume Soro durant cette année électorale. 

 

 

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