Pékin fait de la pédagogie sur la Syrie
16 février 2012C'est peu dire que la Chine fait des efforts. Pourtant Pékin a mis du temps à réagir après le double véto russo-chinois du 5 février. La Russie a été plus rapide en envoyant son ministre des Affaires étrangères dans la région. La Chine peur sa part a donc attendu une dizaine de jours avant de mettre en place sa stratégie qui se fait en trois pas.
Premièrement, l'envoi d'un diplomate dans la région : Li Huaxin, ancien ambassadeur chinois en Syrie, qui était lundi en Egypte pour expliquer à la Ligue arabe la volonté de Pékin de soutenir le régime syrien. Deuxièmement : le vice-ministre des Affaires étrangères, Zhai Jun est à partir de vendredi en Syrie pour une visite de deux jours. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé qu'il s'agissait de plaider pour « une solution pacifique », restant en cela fidèle à la conviction chinoise que le président Bachar el-Hassad ne doit pas être chassé par la force. Enfin, le troisième étage de la fusée ce sera du 19 au 23 avec l'envoi par Pékin de son émissaire spécial pour le Proche-Orient : celui va visiter Israël, les territoires palestiniens et la Jordanie.
L'économie avant la démocratie
Pékin cherche donc à expliquer sa stratégie dans la région. La difficulté de l'exercice tenant au fait que la Chine doit se montrer très pédagogique pour expliquer pourquoi elle persiste à soutenir un régime aux abois qui a tué près de 6 000 civils en une année de révolte. Pour mieux comprendre, il faut consulter la page Internet du quotidien People's Daily qui est l'organe de presse officiel du Parti communiste chinois. Dans un commentaire publié cette semaine, il est souligné que le renversement du régime par la violence conduirait la région dans le chaos et cela aurait des conséquences négatives sur l'économie mondiale.
Le souci principal, toujours selon le People's Daily, concerne l'approvisionnement en pétrole qui pourrait être perturbé dans tout le Moyen-Orient si le conflit s'étendait par exemple à l'Iran. Dans ce cas, c'est toute la machine économique chinoise qui pourrait être grippée par les difficultés d'approvisionnement en énergie. Les enjeux ne pouvaient donc pas être plus clairement définis : la bonne marche de l'économie avant tout, et avant la démocratie bien entendu.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Sandrine Blanchard