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Faut-il repenser le panafricanisme?

Noël Tadégnon
25 mai 2023

Le 25 mai est la Journée mondiale de l'Afrique qui marque la création, le 25 mai 1963, de l'OUA, l'ancêtre de l'UA. Une occassion de reparler du panafricanisme.

Symbolbild Libyen Algerien Ägypten Maghreb Nordafrika
Image : Elenathewise/Fotolia

Le panafricanisme... Ce concept a émergé pendant la lutte contre la colonisation en Afrique. Mais ces dernières années, de nouvelles tendances ont émergé en mettant moins l'accent sur le traumatisme de l'esclavage et de la colonisation, avec la volonté de créer des liens plus solides entre les nations du continent. Le 9e congrès panafricain, qui sera organisé à Lomé à la fin de l'année 2024, devrait revenir sur ces nouveaux débats.

Le panafricanisme comme une thérapie

Le panafricanisme est un mouvement politique et intellectuel. Il promeut l'unité, la solidarité et l'émancipation des peuples africains, quels qu'ils soient. Il vise aussi à rassembler les Africains du continent et de la diaspora, en reconnaissant leur histoire, leur culture commune. 

Pour le juriste et diplomate Doudou Ndoye Diène, le panafricanisme n'est pourtant pas racial.

"Il faut comprendre que le panafricanisme ne doit pas être racialisé. Il n'est pas noir, ni blanc parce que la diversité africaine, elle est de toutes les couleurs. Le panafricanisme doit échapper au ghetto du rapport avec l'esclavage, l'Europe et la colonisation" explique Doudou Ndoye Diène.

Les dirigeants des pays de l'Union africaineImage : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Selon lui, le panafricanisme doit ainsi aider à comprendre les traumatismes de l'Afrique post-coloniale.

"Pourquoi il y a eu un génocide au Rwanda, malgré le panafricanisme ? Toutes ces questions sont inscrites dans l'histoire du panafricanisme" explique-t-il.

Renforcer les liens

L'histoire du panafricanisme s'est manifestée de différentes manières, allant des mouvements de libération nationale en Afrique aux efforts pour renforcer les liens entre les communautés africaines de la diaspora. Il a également influencé la création d'organisations panafricaines telles que l'Union africaine.

Gervais Gnaka Lagoké est professeur d'histoire et d'études panafricaines à la Lincoln University, en Pennsylvanie. Il rappelle que le panafricanisme "c'est un mot qui est composé de deux particules : pan qui veut dire tout et puis africanisme qui est lié à l'Afrique. L'essentiel, c'est l'unité, la solidarité de tous les peuples d'ascendance et de descendance africaines qui ont subi des systèmes d'oppression et de déshumanisation, afin de revendiquer leur humanité et de reconquérir leur droit de vie et de survie et de prospérité sur la terre. C'est ça le panafricanisme".

Ecoutez les précisions de Noël Tadégnon

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Ce mouvement encourage donc la solidarité entre les nations africaines et appelle à l'élimination des frontières artificielles, héritées de la colonisation, et à la création d'une identité continentale forte.

"C'est un mot, c'est un concept, c'est une idée, c'est une idéologie, c'est une doctrine, c'est un mouvement. C'est une articulation de politiques publiques et économiques. Quand on parle de l'intégration économique, cela rentre dans le cadre de la dimension économique du panafricanisme. Quand on parle de mettre toutes les ressources ensemble, cela rentre dans le cadre de la dimension économique du panafricanisme. Donc le panafricanisme a une dimension multiforme" assure Gervais Gnaka Lagoké.

Par le biais de l'intégration politique et économique du continent, le panafricanisme vise donc à renforcer peu à peu l'unité entre les nations africaines et sans oublier, bien entendu, la diaspora africaine.

Noël Tadégnon Correspondant au Togo pour le programme francophone de la Deutsche Welletadegnon