Pas fanatiques, mais pragmatiques!
30 mars 2017Al-Qaida au Maghreb islamique, Al-Mourabitoune, ou Ansar Dine : quand on pense aux membres de ces groupes armés, on a en tête des jeunes chômeurs radicalisés et prêts à toute sorte de violence au nom du djihadisme. Une étude, réalisée auprès de 60 personnes ayant appartenu à un de ces groupes terroristes, démontre que leur profil s’écarte du cliché du "jeune fanatique religieux". C'est ce qu'explique Lori-Théroux-Bénoni, de l’Institut d’Études de Sécurité, qui a dirigé ce groupe de recherche : "Si on doit véritablement essayer d’identifier les facteurs principaux, on s’aperçoit que les logiques de protection de soi, de sa famille, de son activité génératrice de revenu arrivent bien avant les autres raisons souvent mises en avant".
Loin des clichés des fanatiques religieux
Si les motifs de ralliements diffèrent d’une région à l’autre, la religion n’est jamais en tête. S’enrôler dans un groupe armé c’est, par exemple, un moyen pour protéger l’élevage de sa famille. Les djihadistes ne s’attaquent pas aux troupeaux de ses propres membres mais ils se servent abondamment chez les autres. Le sociologue malien Mamadou Diouara confirme ces motifs plutôt pragmatiques : "La plupart des jeunes qui ont été enrôlés dans les groupes armés islamistes sont des gens qui ont rejoint ces groupes parce qu’ils y trouvaient le moyen d’avoir la puissance de feu pour faire face à d’autres personnes qui menaçaient leurs intérêts, leur vie ou leur communauté."
La faute à la mauvaise gouvernance
Mais, d’après Mamadou Diouara, le problème le plus fondamental vient de la mauvaise gouvernance qui règne au Mali depuis des années : "La somme des injustices multipliées par les travers de gouvernance que nous avons connus ont exacerbé les frustrations. Les gens ont dû se saisir eux-mêmes de la mission de se faire justice, de la mission de se protéger, et de la mission d’atteindre ses intérêts." Et d’après lui, l’Etat malien ne semble pas encore prêt à prendre ses responsabilités.