"Nous allons célébrer ce 41e anniversaire avec faste et solennité comme on sait bien le faire dans notre parti", se réjouit Yoki Onana, le maire de la ville de Douala et délégué du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Qui sont les présidents "Duracell" en Afrique ?
Certains présidents sont au pouvoir depuis si longtemps que la plupart de leurs concitoyens n'ont jamais vu d'autre dirigeant. Le chef d'Etat le plus âgé et le chef d'Etat au long règne dirigent deux pays voisins.
Le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo
Avec 45 ans de service, Teodoro Obiang Nguema est actuellement le président au plus long règne en Afrique. Jusqu'en 2017, il partageait ce long règne avec José Eduardo dos Santos. Le chef de l'Etat angolais avait alors quitté ses fonctions, qu'il avait prises en 1979, tout comme Obiang Nguema. Obiang Nguema s'est fait réélire président en 2022. Son fils est prêt à prendre la relève.
Image : Ludovic Marin/AFP
Le président camerounais Paul Biya
Le chef d'Etat camerounais occupe la première place dans une autre catégorie : né en 1933, Paul Biya est le plus vieux président d'Afrique. Il est au pouvoir depuis 1982 - et a déjà été Premier ministre pendant sept ans auparavant. En 2008, la Constitution camerounaise a été spécialement modifiée pour permettre à Biya de briguer d'autres mandats. Son mandat actuel court jusqu'en 2025.
Image : Stephane Lemouton/abaca/picture alliance
Le président congolais Denis Sassou Nguesso
Denis Sassou Nguesso a déjà modifié la Constitution pour briguer des mandats supplémentaires : il est à la tête de la République du Congo depuis environ 40 ans, avec une brève interruption entre 1992 et 1997. Lors de sa dernière réélection en 2021, la conférence épiscopale s'est plainte du manque de transparence.
Image : Russian Foreign Ministry/AFP
Le président ougandais Yoweri Museveni
Yoweri Museveni est au pouvoir depuis plus de trois décennies. Une grande partie de ses compatriotes ne connaît pas d'autre président. Environ 80 % des 46 millions d'Ougandais sont nés après son arrivée au pouvoir en 1986. Alors qu’il avait 76 ans, Museveni avait fait supprimer la limite d’âge pour briguer son sixième mandat en 2021.
Image : ABUBAKER LUBOWA/REUTERS
Le roi Mswati III d’Eswatini
Mswati III devait encore attendre sa majorité pour être intronisé comme roi : Il avait 14 ans lorsque son père Sobhuza II est mort en 1982 après 61 ans de règne. Ce n'est que quatre ans plus tard que Mswati III a endossé le rôle de seul monarque absolu d'Afrique. Formellement, sa mère règne avec lui sur le petit Eswatini en tant que iNndlovukazi ("grande éléphante").
Image : Dan Kitwood/empics/picture alliance
Le président érythréen Isaias Afwerki
Ce petit pays des bords de la mer Rouge n'a jamais eu d'autre chef d'Etat : Isaias Afwerki a été nommé président en mai 1993, juste après que les Erythréens se sont prononcés pour l'indépendance de leur pays. Au début, il avait la réputation d'être un réformateur. Depuis, il est considéré comme un autocrate qui dirige son pays d'une main de fer et l'a largement isolé sur la scène internationale.
Image : Stanislav Krasilnikov/TASS/AFP
Le président djiboutien Ismail Omar Guelleh
Il est le dernier de cette liste à être arrivé au pouvoir avant le début du millénaire : Ismail Omar Guelleh est président de Djibouti depuis 1999. Il a réussi à exploiter la situation géopolitique favorable du détroit de la péninsule arabique pour le développement de son petit pays. Aujourd'hui, Djibouti sert de base militaire aux Etats-Unis, à la France, au Japon, mais aussi à la Chine.
Image : Mohammed Dhaysane/AA/picture alliance
Le président Paul Kagame du Rwanda
Paul Kagame dirige le Rwanda depuis la fin du génocide en 1994. Lors d'un référendum en 2015, il s'est lui aussi assuré de l'abandon de la limitation à deux mandats : il pourrait désormais rester au pouvoir jusqu'en 2034, à condition de se présenter aux élections tde 2024 et 2029. Lors des précédentes élections de 2017, les résultats officiels lui ont attribué 98,8 % des suffrages exprimés.
Image : Trinidad Express Newspaper/AFP
Le président Faure Gnassingbé du Togo
En 2005, Faure Gnassingbé a succédé à son père, qui a dirigé le Togo pendant 38 ans, au poste de président. Après des protestations massives de la population contre la "dynastie" Gnassingbé, une loi limitant le nombre de mandats présidentiels a été promulguée en 2017. Toutefois, cette loi n'est pas rétroactive : Gnassingbé peut également se représenter en 2025.
Image : Ute Grabowsky/photothek/IMAGO
9 photos1 | 9
A l'inverse, pour l'opposition camerounaise, l'heure n'est pas à la fête mais à la réflexion et au recueillement. Pour Alexis Kamewe, président Europe du Social democratic front (SDF), 41 ans de Paul Biya au Cameroun, c'est une journée de deuil pour les militants du SDF. C'est une journée que nous ne commémorons pas. C'est une journée que nous prenons comme une journée de recueillement."
"La succession n’est pas un tabou"
A 90 ans, Paul Biya pense peut-être à sa succession sans toutefois en dire un mot à ses proches. Ses partisans, eux, pensent plutôt aux conditions de cette succession. Yoki Onana, du RDPC, rappelle que "le président Biya n'est pas éternel. Un jour, il devra partir. Parler de la succession n'est pas un tabou. Tout le monde y pense. Lui-même, je suis convaincu, y pense. Maintenant, il est question de savoir comment cette succession va se dérouler."
Dans les rangs de l’opposition, "nous pensons que 2025 signera définitivement la fin du règne de Paul Biya que nous allons accompagner, comme il l'a dit lui-même, au village se reposer. Parce que 41 ans, c'est une vie", note Alexis Kamewe, du SDF.
Règne sans partage
Enfin, Hilaire Kamga, analyste politique camerounais, estime que depuis 41 ans, Paul Biya gouverne son pays sans partage, grâce notamment au soutien de l'armée. Il explique que "Paul Biya est un homme qui a connu des situations paradoxales. II n'a pas connu une lutte pour l'opposition de manière claire. Il a hérité du pouvoir et n'a pas compris ce qu'est la compétition électorale fondamentalement. Il est finalement devenu un autocrate et structure sa pérennisation du pouvoir à travers une mise en condition de l'armée pour une meilleure protection de son pouvoir.''
Si des générations entières de Camerounais n'ont connu qu'un seul président, un certain nombre d'entre eux espèrent désormais une alternance à la tête d'un Etat qui semble figé depuis quatre décennies.