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Pauvreté et faim : les migrants victimes de la Covid-19

Hugo Flotat-Talon | Dunja Sadaqi
20 juillet 2020

Fermetures des frontières, interdictions de sortie, disparition des petits boulots... Les personnes migrantes font partie de ceux qui souffrent le plus des conséquences de la pandémie de coronavirus.

Certains migrants doivent vivre à plusieurs dans les logements qu'ils occupent
Certains migrants doivent vivre à plusieurs dans les logements qu'ils occupentImage : Reuters/M. Abd El Ghany

Elles sont privées de leurs proches, de leurs revenus, bloquées dans des logements parfois insalubres... Les personnes migrantes vivent une période extrêmement difficile depuis le début de la pandémie de coronavirus.

À Rabat au Maroc, dans son petit logement qu'il partage avec d'autres migrants, Ali ne peut cacher ses émotions quand il raconte son quotidien depuis le début de la pandémie. "Franchement, j'ai un cœur meurtri, déçu", confie le Togolais installé ici depuis plusieurs années

Comme lui, beaucoup vivent d'odinaire de petits boulots, sur des chantiers de construction, en vendant des mouchoirs ou des lunettes de soleil dans la rue ou encore en demandant de la monnaie aux conducteurs aux feux rouges. La pandémie a rapidement détruit toutes les sources de revenus du trentenaire. "Des fois nous restons sans rien manger, nous buvons uniquement de l'eau", raconte le jeune homme. "Je n'arrive pas à manger, je n'arrive pas à gagner un petit quelque-chose pour payer le loyer. Quel avenir ? Ça nous donne envie d'aller en Méditerranée, soir on meurt, soir on sort..."

Au Maroc, le confinement mis en place a privé certains migrants de leurs emploisImage : Getty Images/AFP/F. Senna

"Etat d'urgence sanitaire"

Au Maroc des aides d'urgence ont été mises en place pour les plus pauvres, mais pas pour les migrants. Le confinement mis en place dans le pays a encore aggravé la situation. "En quelques semaines, on est passé pour eux de l'état d'urgence sanitaire à l'état d'urgence humanitaire", explique Medhi Allioua, du Gadem, un groupe antiraciste de défense et d'accompagnement des étrangers et migrants.

Impossible de savoir combien de personnes sont dans cette situation. Mais beaucoup sont bloquées. Jamais les chiffres du nombre de passages entre le Maroc et l'Espagne n'ont été aussi bas que pendant le confinement dans de nombreux pays il y a quelques semaines. Seuls 3812 passages ont été enregistrés par l'Agence européenne des frontières extérieures (Frontex) sur les cinq premiers mois de l'année. Deux fois moins qu'à la même période en 2019.

Nouvelle hausse du nombre de passages en Méditerranée

Le nombre de passagse en Méditerranée vers l'Europe avait dratisquement baissé sur les cinq premiers mois de l'année Image : picture-alliance/AP Photo/SOS Mediterranee/F. Gasperini

 Comme Ali, nombreux sont ceux qui souhaitent se remettre en route vers l'Europe, malgré les risques. Mais les contrôles aux frontières les en empêchent parfois. Pour Medhi Allioua il est ainsi difficile de prévoir l'avenir des migrations dans ce contexte. "On ne peut pas savoir si les effets du confinement liés à la pandémie mondiale, qui vont fragiliser certains foyers, l'économie, vont produire plus de mobilité", estime-t-il. Et d'oser une prévision sur l'avenir : "Ce qui est sûr c'est que les migrations ne vont pas s'arrêter. Plus un pays se développe, plus les gens sont mobiles. Et donc l'Afrique, qui est en train de se développer, d'investir dans les infrastructures de communication, est en train de migrer."

Des migrations malgré les risques. Au Maroc, le Togolais Ali dit qu'il aimerait rester, s'il avait un avenir sur place. Un avenir qu'il ne voit pas aujourd'hui. Il répète qu'il pense tenter la traversée de la Méditerranée. Il n'est pas le seul. L'Agence Frontex enregistre depuis peu une nouvelle hausse du nombre de passages vers l'Europe.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_
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