Pecunia non olent (L'argent n'a pas d'odeur)
2 février 2010L'argent n'a pas d'odeur, titre ironiquement la Tageszeitung. Le succès des procédures engagées après l'achat des fichiers volés au Liechtenstein a été grand. Pour une mise de plus de 4 millions d'euros versé au détenteur des données volées, l'état allemand a pu récupérer 180 millions d'euros d'impôts. Il n'y a pas photo.
Angela Merkel a raison : l'État ne doit pas laisser passer cette chance, souligne la Frankfurter Rundschau. Cette décision de la chancelière est un signal clair à l'adresse de la société allemande et plus particulièrement de ses élites financières. Il ne s'agit pas ici seulement des 100 millions qui viendront un peu renflouer les finances publiques. Angela Merkel sonne le glas de la tranquillité pour les fraudeurs.
Dans ce contexte, la Süddeutsche Zeitung rappelle que la Suisse connaît depuis longtemps un débat animé sur les dommages engendrés par le secret bancaire. Certes, les résistances sont nombreuses, surtout chez les conservateurs et les banquiers bien sûr. Mais, outre la gauche, les hommes politiques de droite sont de plus en plus nombreux à réclamer la suppression du secret bancaire, même pour les Suisses. Le quotidien de Munich revient aussi en première page sur l'autre décision prise hier par Angela Merkel de ne pas suspendre la TVA sur les nuitées d'hôtel.
Ce qui fait dire à die Welt : si le credo du FDP est un système fiscal simple, bas et équitable, cette mesure d'allègement fiscal n'est qu'une exception de plus dans le maquis de la fiscalité allemande, une mesure qui ne profite qu'à un petit groupe. La simplification, c'est autre chose. Et puis, pourquoi ne pas avoir exprimé plus tôt ces réserves, par exemple lors du vote au Parlement ? Avec ces manœuvres, le n°2 du FDP envoie dans le mur la coalition de Berlin qui ne manque déjà pas de sujets de discordes, loin s'en faut.
Pauvre FDP, ironise la Frankfurter Allgemeine Zeitung. D'abord, la crise mondiale qui réduit à néant ses projets d'allègement fiscaux. Ensuite, ce million d'euros de don au parti fait par un hôtelier généreux. Et puis voilà que le n°2 du parti remet en question la seule promesse électorale réalisée par le FDP. La chancelière tente ici de sauver la réputation de la coalition qui se rendrait ridicule en annulant aujourd'hui sa décision d'hier dès que le vent de la contestation se lève. Une situation qui ne manquera pas de se reproduire pendant cette législature, au plus tard lorsqu'il s'agira de faire des économies.