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Peter Piot, aux origines d'Ebola

Trevor Grundy/J.-M. Hauteville24 septembre 2014

Face à la progression de l'épidémie d'Ebola, les travaux du docteur Peter Piot reviennent sur le devant de la scène. Ce microbiologiste belge a co-découvert le virus en 1976. La gravité de l'épidémie actuelle l'inquiète.

Le professeur Peter Piot est actuellement directeur de l’École d’Hygiène et de Médecine tropicale de Londres
Le professeur Peter Piot est actuellement directeur de l’École d’Hygiène et de Médecine tropicale de LondresImage : AFP/Getty Images

Alors que le jeune Peter Piot est encore étudiant en dernière année d'école de médecine à Gand, en Belgique, un de ses professeurs tente de le dissuader de faire sa spécialité en maladies infectieuses. Son professeur estime alors que cette discipline n'a aucun avenir. Mais Peter Piot est fasciné par les microbes. L'étudiant n'écoute pas les conseils de son professeur. À 27 ans, le jeune médecin identifie un virus encore inconnu, le virus Ebola.

"Deux ans après avoir obtenu mon diplôme de médecine, j'étais en spécialisation à l'École de médecine tropicale d'Anvers", se souvient-il. "Un jour, nous avons reçu des échantillons de sang d'une femme, le sang une religieuse décédée dans ce pays qu'on appelait autrefois le Zaïre. On pensait qu'elle était morte de la fièvre jaune. Mais en fait, nous avons identifié un nouveau virus, qu'on appelle aujourd'hui le virus Ebola. C'est l'un des virus les plus dangereux jamais découverts à ce jour."

Une épidémie plus grave que les autres

38 ans après la découverte du virus Ebola, l'Afrique a connu 24 épidémies. Peter Piot, aujourd'hui directeur de l’École d’Hygiène et de Médecine tropicale de Londres, s'avoue surpris par la gravité de l'épidémie actuelle. Les méthodes de quarantaine « classique » ont toujours suffi, jusqu'à présent, pour combattre efficacement la contagion. Mais pas cette fois. Le médecin belge appelle de ses vœux une intervention directe de l'ONU, pour endiguer complètement l'épidémie qui fait rage actuellement en Afrique de l'Ouest et, dans une moindre mesure, en République Démocratique du Congo.

Selon Peter Piot, "les pires conditions sont réunies" pour cette épidémie qui a déjà tué au moins 2.800 personnes depuis le début de l'annéeImage : Zoom Dosso/AFP/Getty Images

« Les pires conditions sont réunies. La croissance démographique pousse la population vers les forêts et les met en contact avec le virus. Et puis à cause de la corruption, des guerres civiles interminables, les autorités sont complètement dépassées. Le système de santé n'est pas à la hauteur. Dans un pays comme le Liberia, il y a un médecin pour 100 000 habitants. Et plusieurs d'entre eux ont été tués par le virus ».

Une mission sanitaire d'urgence a finalement été créée par les Nations unies vendredi dernier. Pour le docteur Piot, les prochaines épidémies d'Ebola pourront être combattues plus efficacement. Notamment en faisant des réserves de médicaments dans les régions où le virus pourrait réapparaître. En attendant un éventuel vaccin.

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