Peut-on parler de "génocide" dans l'est de la RDC ?
1 avril 2025
La table ronde qui réunit des centaines de participants de différentes catégories de la société congolaise fait suite aux tueries et autres crimes commis depuis trois décennies dans l'Est de la RDC.
Le président Félix Tshisekedi qui en a ouvert les travaux à estimé à plus de 10 millions, le nombre de personnes déjà tuées. Dans le conflit actuel, le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles de l'AFC-M23.
Le viol comme arme de guerre
Pour Patrick Fata Makunga, directeur général du fond national de réparation des victimes, le FONAREV, co-organisateur de la table-ronde, les crimes dont il est question constituent réellement un génocide.
"La barbarie ou même l'intensité avec laquelle les crimes ont été commis dans notre pays laisse entrevoir que des communautés ont été ciblés sur la durée de manière systématique et méthodique avec une intention manifeste de la part des agresseurs de les supprimer et dans certains cas, de les déplacer pour ensuite exploiter les terres conquises", estime Patrick Fata Makunga.
Le directeur général du FONAREV insiste sur les stratégies utilisés dans ce conflit, notamment le viol comme arme de guerre. Autant d'arguments qui, pour lui, prouvent que les crimes dans l'Est de la RDC ne sont rien d'autre qu'un génocide et doivent être reconnu comme tel.
Crimes contre l'humanité, mais pas génocide ?
Ce que rejettent certains experts qui s'appuient sur l'article 2 de la convention des Nations unies sur le génocide. Le crime doit être commis dans l'intention de détruire tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
La liste pourrait également s'étendre sur un groupe politique. C'est ce qu'affirme Oswald Bafunyembaka qui insiste, cependant, sur le fait qu'il faut que cela soit prouvé par une commission d'enquête des experts des Nations unies.
"Après la perpétration des faits il y a une commission des experts des Nations unies qui vient enquêter sur la situation et qui arrive à déterminer s'il y a eu génocide ou pas. Or, à ma connaissance, il n'y a pas encore eu jusque-là une commission d'experts mise en place par les Nations unies pour déterminer s'il y a eu génocide en RDC ou pas", affirme l'avocat de métier.
Les crimes graves commis dans la partie Est de la RDC s'inscrivent donc jusque-là dans les catégories des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, précise Oswald Bafunyembaka.