1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Peut-on parler de "génocide" dans l'est de la RDC ?

1 avril 2025

Une table ronde se tient en ce sens à Kinshasa. Les experts émettent cependant des doutes, estimant que certains critères doivent être remplis pour parler de "génocide".

Des membres de la Croix Rouge enterrent des corps à Goma
La bataille de Goma aurait fait plus de 2.900 morts fin janvier 2025Image : Yvonne Kapinga/DW

La table ronde qui réunit des centaines de participants de différentes catégories de la société congolaise fait suite aux tueries et autres crimes commis depuis trois décennies dans l'Est de la RDC.

Le président Félix Tshisekedi qui en a ouvert les travaux à estimé à plus de 10 millions, le nombre de personnes déjà tuées. Dans le conflit actuel, le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles de l'AFC-M23

Le viol comme arme de guerre

Pour Patrick Fata Makunga, directeur général du fond national de réparation des victimes, le FONAREV, co-organisateur de la table-ronde, les crimes dont il est question constituent réellement un génocide.

"La barbarie ou même l'intensité avec laquelle les crimes ont été commis dans notre pays laisse entrevoir que des communautés ont été ciblés sur la durée de manière systématique et méthodique avec une intention manifeste de la part des agresseurs de les supprimer et dans certains cas, de les déplacer pour ensuite exploiter les terres conquises", estime Patrick Fata Makunga.

Le directeur général du FONAREV insiste sur les stratégies utilisés dans ce conflit, notamment le viol comme arme de guerre. Autant d'arguments qui, pour lui, prouvent que les crimes dans l'Est de la RDC ne sont rien d'autre qu'un génocide et doivent être reconnu comme tel.

Les femmes et les enfants sont les premières victimes des violences dans l'est de la RDCImage : Moses Sawasawa/ASSOCIATED PRESS/picture alliance

Crimes contre l'humanité, mais pas génocide ?

Ce que rejettent certains experts qui s'appuient sur l'article 2 de la convention des Nations unies sur le génocide. Le crime doit être commis dans l'intention de détruire tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

La liste pourrait également s'étendre sur un groupe politique. C'est ce qu'affirme Oswald Bafunyembaka qui insiste, cependant, sur le fait qu'il faut que cela soit prouvé par une commission d'enquête des experts des Nations unies.

"Après la perpétration des faits il y a une commission des experts des Nations unies qui vient enquêter sur la situation et qui arrive à déterminer s'il y a eu génocide ou pas. Or, à ma connaissance, il n'y a pas encore eu jusque-là une commission d'experts mise en place par les Nations unies pour déterminer s'il y a eu génocide en RDC ou pas", affirme l'avocat de métier.

Les crimes graves commis dans la partie Est de la RDC s'inscrivent donc jusque-là dans les catégories des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, précise Oswald Bafunyembaka.