Polémique sur le dédommagement des expulsés allemands
3 août 2004Pour die Welt, le fait que la présidente de la Fédération des expulsés, Erika Steinbach, ait choisi précisément cette occasion, la participation de Gerhard Schröder aux commémorations de Varsovie, pour relancer le débat des restitutions est la preuve d’un manque d’intuition aussi bien politique qu’historique. Il y a déjà eu une forme de dédommagement pour les expulsés dans la période de l’Après-guerre, rappelle le quotidien. Bien entendu, dans la plupart des cas il s’agissait d’une compensation bien modeste pour les injustices vécues. Mais exiger de nouvelles indemnisations près de 60 ans après la fin de la guerre est bien loin d’être réaliste. Cela révèle aussi un manque de discernement quant à la responsabilité de l’Allemagne face à son histoire, conclut le journal.
La Kölnische Rundschau juge également que la dispute est plutôt déplacée dans ce grand moment de réconciliation entre Berlin et Varsovie. Erika Steinbach défend les intérêts des expulsés et c’est tout à son honneur. Ce qu’ont dû endurer les populations des anciens territoires allemands était une tragédie et est encore vécu aujourd’hui comme un traumatisme. Mais pour le journal, il ne faut pas oublier que ce jour-là le chancelier était à Varsovie pour faire de la politique extérieure, pas pour statuer sur le sort des expulsés.
Erika Steinbach explique haut et fort que sa fédération œuvre avant tout pour la réconciliation des peuples, écrit la Braunschweiger Zeitung. Pourtant, si le dédommagement des expulsés n’était pas lui aussi un point essentiel, elle n’aurait pas fait de tels reproches au chancelier. Dans ce conflit, il n’y aura pas de solution satisfaisante pour tout le monde, estime le journal. Mais il y a tout de même une consolation : c’est que l’Europe grandissante peut devenir une nouvelle patrie partagée. Et ça, c’est loin d’être négligeable.
Pour le Mannheimer Morgen, des changements se font sentir et la volonté de réconciliation des peuples est de plus en plus au premier plan. Ce n’est qu’une minorité qui souhaite faire appel à la justice pour restituer aux expulsés leurs anciennes propriétés. Ceux qui appellent à ne pas oublier le destin des 15 millions d’Allemands réfugiés ne sont pas tous des gens étroits d’esprit qui veulent retourner l’Histoire à l’envers, conclut le journal.