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La politique allemande sur l’asile fait débat

Srinivas Mazumdaru
25 septembre 2023

Le flux de migrants touche le sud de l’Europe et le nombre très élevé de morts dans les eaux méditerranéennes suscite l’indignation.

Des centaines de migrants sur l'île de Lampedusa, dans le sud de l'Italie, le 15 septembre 2023
La gestion des migrants suscite un vif débat au sein de l'Union européenneImage : Ciro Fusco/Ansa/IMAGO

A l’échelle européenne, l’Allemagne plaide pour une immigration surveillée, réglementée mais ouverte. 

Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, soutient l’idée, pas nouvelle, d’une répartition équitable des réfugiés au sein de l'Union Européenne. 

Depuis 1999, l’Union Européenne a tenté de développer une politique d’asile. La réforme de 2023 du régime d'asile européen commun (RAEC) prévoit l’enregistrement de tous les migrants, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de répartition, ce qui a, par le passé, été le point de discorde entre les Etats membres. 

Certains Etats d’Europe de l’Est, comme la Pologne et la Hongrie notamment, se sont opposés, dès la crise migratoire de 2015, à un "diktat" de Bruxelles leur imposant, par solidarité avec les pays du Sud, d’accueillir des demandeurs d’asile non européens.

L'île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km du littoral tunisien, représente l'une des premières escales pour les migrants qui franchissent la MéditerranéeImage : Yara Nardi/REUTERS

En juin dernier, la ministre allemande s’était exprimée dans le cadre de la réforme du régime d’asile européen commun, évoquant une nécessaire prise de décision "pour empêcher que l’Europe ne vole en éclats"

Berlin n’est pas favorable à l'introduction d’un "règlement de crise" qui permettrait aux pays du Sud de réagir de manière "plus flexible" en cas d’afflux particulièrement élevé de réfugiés.

Annalena Baerbock redoute que dans ce cas, ceux-ci soient systématiquement renvoyés vers l’Allemagne.

Mettre fin au chaos

La ministre veut ainsi mettre fin au "chaos", selon elle, des migrants non enregistrés au sein de l’Union européenne, ce qui serait une menace pour une ouverture durable des frontières intérieures de l’UE.

Annalena Baerbock,soutient l’idée d’une répartition équitable des réfugiés au sein de l'Union européenneImage : DW

"Nous devons instaurer à nos frontières extérieures une réglementation claire qui permette enfin une répartition ordonnée des migrants par pays. C'est la raison pour laquelle nous, l'Allemagne, avons soutenu au début de l'été l'idée de la mise en place d'une procédure d'enregistrement aux portes de l'Europe. A l'époque, cela avait provoqué des discussions mais nous en avons besoin pour garantir une répartition équitable du fardeau", dit la cheffe de la diplomatie allemande.

Répartition équitable

La ministre allemande des Affaires étrangères ajoute par ailleurs que, "c'est clair que nous avons accueilli près d'un million de réfugiés ukrainiens, ce qui est un énorme geste de solidarité. Nous devons maintenant, à travers une réglementation au niveau européen, instaurer une répartition équitable et faire en sorte que les municipalités ne soient pas débordées. Avec un processus d'enregistrement rapide aux frontières et aussi une capacité rapide de refoulement de gens qui ne peuvent pas rester en Europe."

La ministre a réaffirmé sa position, deux jours après que le Pape François a condamné l’indifférence à l’égard du sort des migrants en Méditerranée.

Annalena Baerbock a tweeté : "Le régime d’asile européen doit enfin voir le jour. Il est plus urgent que jamais de mettre en place un ordre européen en matière de migration qui fonctionne".

Le Parlement européen et le Conseil doivent donner leur accord, d'ici la fin de l'année, afin de statuer sur de nouvelles règles claires.