Victoire du nationaliste Karol Nawrocki en Pologne
2 juin 2025
Selon les chiffres de la commission électorale nationale, Karol Nawrocki, historien de 42 ans, sans expérience politique, présenté par le parti Droit et justice (PiS), a remporté la présidentielle de dimanche avec 50,89% des voix contre 49,11% pour Rafal Trzaskowski, le maire de Varsovie, soutenu, lui, par le parti de centre droit du Premier ministre, Donald Tusk, et son parti Plateforme civique.
Une victoire étriquée qui montre une Pologne plus que jamais divisée, selon Jacek Kucharczyk, président de l'Institut polonais des affaires publiques.
"Les résultats des élections polonaises montrent que la Pologne reste un pays profondément divisé. Bien que le taux de participation ait été le plus élevé de l'histoire des élections présidentielles, la marge de victoire de M. Nawrocki est très faible, ce qui signifie que la moitié de la Pologne va acclamer sa présidence, tandis que l'autre moitié de la Pologne reste profondément inquiète, voire perturbée", estime Jacek Kucharczyk.
Politique anti migratoire
Avec son slogan "La Pologne d'abord, les Polonais d'abord", Karol Nawrocki a beaucoup fait campagne contre l’immigration. Il a surtout ciblé le million de réfugiés ukrainiens vivant dans le pays.
"Les questions de migration ont joué un rôle important, tout comme celles liées à l'Ukraine, c'est-à-dire la peur, par exemple, d'envoyer des troupes polonaises en Ukraine, que Nawrocki a beaucoup utilisée pour effrayer les gens. Ou bien la migration comme une menace pour la culture polonaise, pour l'identité polonaise, la peur de perdre la souveraineté, sur laquelle Nawrocki a également beaucoup insisté. Et je dis cela parce qu'en réalité, si d'autres questions avaient été plus importantes dans ces élections, comme l'avortement ou l'Europe, Trzaskowski aurait gagné ces élections", explique Piotr Buras, analyste politique polonais.
Selon les analystes, Karol Nawrocki risque de bloquer le programme progressiste du gouvernement dirigé par Donald Tusk concernant notamment l'avortement et les droits LGBTQ+.
L'Europe inquiète
L’élection de Karol Nawrocki est aussi lourde de conséquences pour l’Union européenne, où la Pologne occupe une place importante sur laquelle comptent notamment Paris et Berlin dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Si le nouveau président ne remet pas en cause l’appartenance de son pays à l’Union européenne, ni à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), il appuie cependant les forces souverainistes au sein de l’Union européenne et est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan.
Le président ukrainien Volodmyr Zelensky a pour sa part déclaré espérer "une coopération fructueuse" avec Karol Nawrocki.
Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dit vouloir travailler avec le nouveau président polonais pour rendre l’Alliance atlantique "encore plus forte".
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a, quant à lui, appelé les deux pays à "coopérer étroitement sur la base de la démocratie et de l’État de droit".
Dans le camp des nationalistes, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui partage la même vision souverainiste que M. Nawrocki, a qualifié sa victoire de "fantastique", alors que la présidente du Rassemblement national, en France, Marine Le Pen, y voit une "bonne nouvelle" et "un désaveu pour l'oligarchie de Bruxelles".
En Pologne, le chef de l'État, dont le mandat est de cinq ans, a moins de pouvoir que le chef du gouvernement, mais il exerce une certaine influence sur la politique étrangère et de défense. Il dispose surtout d'un pouvoir de veto au niveau législatif.