Varsovie rétablit ses contrôles frontaliers avec l'Allemagne
2 juillet 2025
En Europe, la libre circulation des personnes au sein de l'espace Schengen continue à être mise à mal. La Pologne annonce à son tour des contrôles temporaires à ses frontières avec l'Allemagne et la Lituanie. Varsovie reproche à Berlin, dont le nouveau gouvernement autorise désormais des refoulements à ses frontières, de renvoyer des migrants vers la Pologne.
La mesure est "nécessaire pour limiter, réduire au minimum ces flux non contrôlés par nos services" et les "va-et-vient des migrants", explique Donald Tusk, le Premier ministre polonais.
Si la Pologne fait cette annonce aujourd'hui, l'Allemagne procède à des contrôles à l'ensemble de ses frontières terrestres depuis septembre 2024, une mesure qui devait être temporaire, mais qui a été prolongée pour lutter contre l'immigration illégale.
C'est un sujet de préoccupation majeur chez les Allemands et qui a dicté le rythme de la dernière campagne électorale des législatives, remportées par les conservateurs, suivis de l'extrême-droite.
En Pologne aussi, la question migratoire est au centre du débat politique. L'élection présidentielle du 1er juin a ainsi été remportée par Karol Nawrocko, un nationaliste populiste. Une semaine avant ce scrutin, des milliers de personnes avaient manifesté à Varsovie pour dénoncer l'immigration illégale.
Des refoulements contestés par le droit allemand et européen
Il y a d'une part la question de la frontière allemande, où Donald Tusk confirme que depuis près d'un mois, "le côté allemand refuse désormais réellement d'autoriser l'entrée sur son territoire des migrants qui se dirigent vers l'Allemagne pour, par exemple, demander l'asile ou obtenir un autre type de statut".
Le renvoi de demandeurs d'asile aux frontières fait en effet partie des mesures phare du nouveau gouvernement allemand dirigé par Friedrich Merz. La mesure ne s'appliquerait pas aux personnes jugées vulnérables, mais les ONG de défense des droits de migrants doutent des capacités de la police des frontières à opérer ce tri.
Mais surtout, la pratique est vivement contestée d'un point de vue juridique. Les juges d'un tribunal berlinois ont récemment estimé illégal le refoulement de trois demandeurs d'asile somaliens.
"Nous maintenons les refoulements, nous estimons qu'ils sont juridiquement fondés", avait réagi le ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt.
Pression migratoire de la Biélorussie
Au niveau du droit européen aussi, ces pushbacks sont polémiques. Selon la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), un Etat doit d'abord déterminer quel pays est responsable de la demande d'asile d'une personne et respecter un délai de départ volontaire avant d'engager toute procédure d'expulsion.
Revenons à la Pologne. L'autre frontière concernée par ces nouveaux contrôles temporaires est celle avec la Lituanie. Dans ce cas, il s'agit de repousser les arrivées de migrants passant par la Biélorussie, qui ne fait pas partie de l'UE et l'espace Schengen, mais qui est voisine de la Lituanie.
Depuis des années, le pouvoir biélorusse, aidé par Moscou, est accusé d'orchestrer une pression migratoire artificielle aux frontières européennes en délivrant des visas à des personnes venues du Moyen-Orient ou d'Afrique, pour ensuite les amener vers les frontières polonaise, lituanienne ou lettone et les pousser à entrer clandestinement dans ce pays.