Port-au-Prince attend le choléra
25 octobre 2010Le souci du département de la Santé haïtien et des ONG présentes dans l'île est d’empêcher que l'épidémie - qui a débuté dans la région de l'Artimonite, au centre du pays - n'atteigne Port-au-Prince. Pour l'instant, cinq cas de choléra ont bien été confirmés dans la capitale haïtienne mais il s'agit de cas d'exportations, les cinq personnes provenant de la région où a débuté l'épidémie, le long du fleuve Artimonite.
Malgré tout, la peur est là : une épidémie à Port-au-Prince serait une catastrophe, en grande partie à cause des milliers de personnes qui vivent dans des campements de fortune où les conditions d'hygiène sont mauvaises. "Il y a toujours beaucoup d'endroits où l'accès à l'eau potable est inexistant. Et si par malheur la maladie atteint les camps de réfugiés alors elle sera dévastatrice", explique Patricia Pitts, de l'ONG Medischare.
Taux de mortalité de 10%
Il semble donc que nous soyons aujourd’hui dans une période transitoire : soit les équipes médicales sur place arrivent à endiguer la maladie, soit celle-ci risque de se répandre à toute l’île. C’est l’alternative qui transparait dans le discours des médecins. Le chercheur américain Eric Minz, un spécialiste des maladies bactériennes, a ainsi confirmé que la fréquence des cas mortels avait « tendance à se stabiliser. »
Néanmoins, les autorités haïtiennes ont précisé qu'il s'agissait d'une souche 01 du choléra, soitla plus dangereuse. En effet, le taux de mortalité, de 10%, est extrêmement préoccupant. Donc tout pourrait aller très vite. Les autorités sanitaires et les ONG ne peuvent bien entendu pas empêcher les personnes saines de circuler dans le pays. Or, depuis le séisme qui a fait près de 300 000 morts en janvier dernier, les déplacements dans l'île sont nombreux. C'est ce qui rend cette épidémie d'autant plus préoccupante.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Georges Ibrahim Tounkara