On célèbre le 9 novembre 2019 les trente ans de la chute du Mur de Berlin. L'occasion de revenir d'abord sur le contexte et les raisons de sa construction, par la RDA, pour encercler Berlin-Ouest.
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Série Mur de Berlin : le contexte historique - MP3-Stereo
Le 9 novembre prochain, c'est-à-dire samedi, l'Allemagne et le monde vont célébrer les trente ans de la chute du Mur de Berlin. Cette construction, qui entourait Berlin-ouest entre 1961 et 1989, est devenue le symbole de la guerre froide et de la séparation de l'Allemagne en deux Etats antagonistes. Toute la semaine, nous allons vous proposer des reportages et analyses sur le Mur, son tracé et ses conséquences, sensibles jusqu'à aujourd'hui. Mais pour commencer, un retour historique, pour mieux comprendre le contexte qui a amené le régime est-allemand à emmurer les Berlinois de l'Ouest.
Trois dates clefs
1945, d'abord, celle de la défaite de l'Allemagne nazie. Les Alliés occidentaux (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France) se partagent la moitié ouest de l'Allemagne. La partie est, elle, est placée sous influence soviétique – l'URSS est alors dirigée d'une main de fer par Staline. Les occidentaux refusent de céder Berlin-ouest à Moscou et soutiennent même cette enclave occidentale en RDA par un pont aérien pendant près de onze mois.
Deuxième année importante : 1949. C'est cette année que sont créés d'abord l'Etat ouest-allemand, la RFA, puis la RDA, à l'Est, quelques mois plus tard.
Endiguer les départs massifs vers l'Ouest
Le régime est-allemand est répressif. Plus de deux millions de citoyens tentent de le fuir en passant à l'Ouest, quitte à sauter par-dessus des barbelés ou à se faire tirer dessus par les forces de polices Vopo.
C'est pour endiguer ces départs qu'en 1961- la troisième date à retenir est la nuit du 12 au 13 août - les autorités est-allemandes construisent un Mur à Berlin. "L'effet pour la RDA, c'est une véritable saignée du pays", explique Jérôme Vaillant, professeur émérite de civilisation allemande de l'Université de Lille et directeur de la revue l'Allemagne d'aujourd'hui. "Après la construction du Mur, la RDA pourra se relever économiquement parce qu'elle aura mis un terme à la fuite de sa jeunesse et de ses capacités pour faire fonctionner le pays."
Au début, ce sont des barbelés, une séparation de 155 km de long sous haute protection qui encercle la moitié ouest de la ville.
Quelques semaines plus tard, elle est renforcée par un mur en béton de 3,5 mètres de haut, piégé par des mines et surplombé de miradors.
La RDA affirme qu'il s'agit d'un "mur antifasciste", érigé pour des raisons de sécurité.
Tous les passages entre les deux parties de la ville sont bloqués, l'armée soviétique est déployée aux frontières entre Allemagne de l'Est et Allemagne de l'Ouest. Il est destiné à rester debout pendant "cinquante ou cent ans". Entre les deux Allemagne, la frontière aussi est gardée par des agents qui tirent sans sommation.
Jusqu'à ce soir de novembre 1989 quand des centaines de milliers de Berlinois de l'Est prennent d'assaut le mur et en viennent à bout en criant : "Nous sommes UN peuple, nous sommes le peuple".
La loi des barricades
Il y a 26 ans, la chute du mur de Berlin. Aujourd'hui, en Europe, les revendications en vue d'une plus grande protection des frontières se multiplient. Aperçu de diverses méthodes de séparation à travers le monde.
Image : picture-alliance/dpa
La Hongrie renfermée sur elle-même
Le gouvernement du Premier Ministre hongrois Viktor Orban a fait ériger une clôture à sa frontière avec la Serbie et fermé sa frontière avec la Croatie, membre de l'Union Européenne. La Hongrie fait partie de l'espace Schengen où les contrôles à la frontière ont été supprimés. La plupart des réfugiés en provenance de Grèce souhaitent poursuivre en direction de l'Autriche et l'Allemagne.
Image : DW/V. Tesija
Melilla - La porte d'entrée en Europe
La frontière de l'enclave espagnole de Melilla dans le Nord du Maroc est réputée pour être l'une des frontières les plus modernes au monde. A l'instar de l'enclave de Ceuta, elle est ceinte d'un mur, long de dix kilomètres et de six mètres de haut. Equipés de caméras infrarouge et de détecteurs de mouvement et de sons, les barbelés sont censés tenir à distance les migrants africains.
Image : Getty Images
L'île partagée
La fameuse "Ligne Verte", à Chypre, est constituée de barbelés, de tours de contrôle et de murs d'enceinte. Bâtie sur une longueur de 180 km, elle partage l'île en deux : une partie turque, dans le Nord, et une partie grecque, dans le Sud. Surveillée par des milliers de soldats des deux côtés, Nicosie est ainsi, depuis la chute du mur de Berlin, la dernière capitale encore divisée dans le monde.
Image : picture-alliance/dpa/R.Hackenberg
"Le Mur Tortilla" entre les Etats-Unis et le Mexique
Près de 20.000 policiers américains surveillent la frontière américano-mexicaine 24h/24. Egalement appelée "Mur Tortilla", la frontière s'étend sur 1126 km. Elle est équipée de vidéo de surveillance et de caméras infrarouge, de matériels de vision nocturne, de détecteurs de mouvement et de drones. Elle devrait empêcher les passages illégaux et le trafic de drogues.
Image : dpa
La Terre Sainte. Divisée
Le passage de la frontière entre Israël et la Palestine n'est possible qu'à quelques rares "checkpoints" comme ici à Jérusalem. La cause de cette séparation : les attaques terroristes. Malgré ce dispositif, les Palestiniens parviennent toujours à faire passer des armes et des vivres à travers un tunnel qu'ils ont construit dans la bande de Gaza.
Image : picture-alliance/Landov
La "zone démilitarisée" en Corée
C'est la frontière la plus étanche et la plus surveillée au monde. Un million de mines, des fils de barbelés et des tours de surveillance séparent les deux Corées. Des deux côtés de cette frontière longue de 248 km, se trouve une "zone démilitarisée" de 2 km de large dont la traversée est interdite. Elle a été érigée après la guerre de Corée survenue en 1953 et qui a duré trois ans.
Image : picture alliance/AP Photo
"Ligne de la paix" à travers l'Irlande du Nord
Au total quarante-huit "lignes de paix" séparent, en Irlande du Nord, les quartiers protestants et catholiques. A Belfast se trouve une frontière faite d'un mur de sept mètres de haut constitué de briques, de barbelés, de béton et de grillages. La séparation est équipée de passages pour piétons et pour le trafic routier qui, la nuit, sont fermés à la circulation.
Image : Peter Geoghegan
Ils l'appellent ligne de défense
Avec quatre mille kilomètres de barbelés, l'Inde veut se séparer du Bangladesh. La raison en est que cet Etat voisin est considéré comme une base arrière de terroristes. Une zone de défense de deux mètres de haut, dénommée "ligne zéro" est créée et équipée de fil électrique pouvant être placé sous tension. Quelque cinquante mille soldats assurent ici la sécurité.
Image : S. Rahman/Getty Images
Le Mur de Berlin, symbole de séparation
Il est entré dans l'histoire de l'humanité. Décrié durant des décennies comme étant "la peine capitale", le mur de Berlin a chuté le 9 novembre 1989. L'Allemagne réunifiée devait ainsi sonner le glas de la Guerre Froide. Mais la portée de cet événement historique n'empêche pas que des cloisonnements et des tracés de frontières continuent de marquer la géopolitique mondiale.