Près de 6000 néo-nazis à Dresde
16 février 2009Samedi dernier, la ville de Dresde rendait hommage aux 25 000 victimes des bombardements alliés sur cette ville de l'est de l'Allemagne – bombardements intervenus peu de temps avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, les 13 et 14 février 1945. Les célébrations du 14 février donnent lieu également chaque année à un rassemblement de néo-nazis qui défilent dans le centre-ville - au grand dam des habitants de Dresde qui refusent de souiller la mémoire des victimes.
Près de 6000 néonazis ont défilé samedi dernier dans les rues de Dresde. Mais ils étaient le double - citoyens de la ville, représentants politiques ou syndicalistes - à dire « Non » à l'extrême-droite :
«J'ai participé à la manif à cause des désastres du passé. Mes parents et mes grands-parents m'ont raconté des tas d'horreurs." «Je suis venu pour protester contre les néo-nazis. Ils se croient tout permis. »
Chaque année, la marche funèbre des néonazis donne lieu à une série de contre-manifestations. Franz Müntefering a participé à l'une d'entre elles ce samedi. Le président du SPD, le parti social-démocrate, a appelé les Saxons à chasser les députés d'extrême-droite aux prochaines élections régionales du 30 août:
« Nous voulons montrer que nous, les démocrates, nous devons faire barrage à l'extrême-droite. Les néo-nazis ne pourront jamais plus avoir pignon sur rue en Allemagne. C'est pourquoi nous sommes ici. »
La Saxe toutefois, l'Etat régional ou se trouve Dresde, est la région où le parti néo-nazi NPD est le mieux implanté, avec huit députés au Parlement régional. Ouvertement xénophobes, antisémites et révisionnistes, les sympathisants du NPD sont souvent violents. De là les craintes, palpables à Dresde selon la maire de la ville Helma Orosz.
« Je remercie les très nombreux habitants de Dresde qui ont eu le courage de manifester. Beaucoup de gens ont eu peur avant la manifestation. »
Les autorités allemandes ont tenté d'interdire le NPD en 2003. Mais le parti d'extrême-droite avait réussi à se défendre sur le terrain juridique. La Cour constitutionnelle allemande avait estimé que certains témoins à charge ne pouvaient être crédibles car il s'agissait d'agents infiltrés au sein du parti.
Le NPD n'a pas de grande influence au niveau fédéral, où il n'a aucun élu au Bundestag. Lors des dernières législatives de 2005, le parti d'extrême-droite a fait un score de 1,1% à l'Ouest et de 3,6% dans l'ex-République démocratique allemande. Cela dit, en une décennie, le NPD a doublé ses effectifs, passant de 3500 membres en 1996 à 7200 en 2007.