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Premières élections régionales au Cameroun

Elisabeth Asen
7 décembre 2020

Les Camerounais étaient aux urnes dimanche (06.12), pour élire leurs Conseillers régionaux, près de 25 ans après l'entrée en vigueur de la Constitution de 1996 qui prévoit une décentralisation pousée.

Près de vingt-cinq mille grands électeurs camerounais ont voté le dimanche 07 décembre
Près de vingt-cinq mille grands électeurs camerounais ont voté le dimanche 07 décembreImage : picture-alliance/Xinhua/J. P. Kepseu

24.000 grands électeurs, des conseillers municipaux ainsi que des chefs traditionnels étaient appelés à voter lors de ce scrutin indirect pour désigner 900 conseillers régionaux, 90 pour chacune des 10 régions.

Le régime a présenté ces premières élections régionales comme "historiques" pour achever la décentralisation et régler la crise anglophone.

Pourtant, elles ont été prévues dans la Constitution de 1996 lors du Grand dialogue national convoqué en 2019 par le président Paul Biya. Elles ont été remises au goût du jour afin d’espérer mettre fin au conflit qui secoue depuis fin 2016, les deux régions anglophones du pays.

Vote dans le calme

"L'élection des conseillers régionaux s'est déroulée dans la sérénité, le calme et la tranquillité. Aucun incident susceptible de porter atteinte à la crédibilité du scrutin ou à la sincérité des résultats attendus n'est à relever", a assuré Paul Atanga Nji, ministre de l'administration territoriale.

 À Mfou, localité située dans la région du Centre, à environ 30 km de Yaoundé, dans le département de la Mefou et Afamba, les grands électeurs ont convergé massivement vers les bureaux de vote.

Selon les autorités, les élections se sont déroulées dans le calmeImage : Getty Images/AFP

C'est avec beaucoup de motivation que Ondoa Atangana, chef de groupement, ainsi que Mvog Nsaman, et Toulou Mvondo, chefs de village Nsamba, ont accompli leur devoir civique.

"C'est une grande première parce-que le développement, au regard de ce qui arrive, va commencer dans les zones reculées. Les villages ont trop souffert."

"'Nous regardons cela avec beaucoup d'espérance, puisqu'il s'agit du développement des localités reculées, des communautés villageoises. Et les chefs traditionnels sont au premier rang de l'encadrement des populations. Si on nous confère une mission comme celle-ci, c'est avec beaucoup de motivation que nous l'acceptons."

Mauvais jeu

Les explications d’Élisabeth Asen à Yaoundé

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Bien qu'optimiste, Francis Bidima, représentant de département du parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), un parti de l'opposition, relève avec beaucoup de regrets le mauvais jeu du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, sur le terrain.

"Nous avons rencontré certaines difficultés sur le terrain avec les pontes du régime RDPC qui ont intimidé les électeurs en disant que c'est eux qui les ont investis et que s'ils ne votaient pas pour le RDPC, des sanctions allaient tomber", explique-t-il.

Scrutin très attendu

Ces élections régionales étaient très attendues par les Camerounais. Elles interviennent après la promulgation de la loi sur le code général des collectivités territoriales qui prévoit un statut spécial pour les deux régions anglophones du pays, où malheureusement le scrutin a été fortement perturbé.

Les séparatistes ont décidé de boycotter cette élection, selon Ayah Ahah Abine, président de la fondation Ayah une ONG basée dans le Sud-Ouest du pays.

"Les séparatistes ont déclaré les villes mortes dans le nord-ouest et le sud-ouest. Par mesures de sécurité, il y a très peu de gens qui sont sortis. La nuit, il y avait même des coups de feu."

Ces élections devraient permettre la mise en place des institutions qui visent à améliorer le système démocratique. Mais le fait que le parti au pouvoir soit le favori amène cependant à s'interroger sur le rôle que ce scrutin peut véritablement jouer dans le processus de retour à la paix au nord-ouest et sud-ouest du Cameroun.

Le parti de Paul Biya est la grandissime favori de ses élections régionalesImage : picture-alliance/AP Photo/S. Alamba

Pour inciter à faire de ces élections un succès,  une indemnité de 50.000 francs CFA (environ 75 euros) avait été promise à chaque grand électeur ayant pris part au scrutin.

Quatorze partis étaient en lice hors des zones anglophones, dont le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de Paul Biya, qui avait remporté une victoire écrasante aux municipales de février. Dans les deux régions anglophones, le RDPC était le seul à présenter des candidats.