Au Ghana, la sanction est tombée : trois mois de salaire confisqués pour les ministres et hauts fonctionnaires qui n'ont pas déclaré leur patrimoine avant la date limite du 31 mars. 

Le président, John Dramani Mahama, s'est exprimé le 5 mai dernier en donnant aux politiciens concernés, sans les nommer, jusqu'au 8 mai pour se conformer à la loi. 

Ils seront licenciés le cas échéant et la somme récoltée sera versée à un fond médical dédié aux patients de maladies non transmissibles chroniques.  

L'annonce a été faite pendant la présentation d'un nouveau Code de conduite, qui vise à assainir les pratiques politiques des politiciens directement nommés par John Dramani Mahama. 

Le président veut donner une autre image de son dernier mandat. Il multiplie les appels à une meilleure éthique et transparence du gouvernement, et n'hésite pas à menacer ses employés. 

La corruption débute par les "cadeaux"

Ainsi, dans les rues du quartier de Labadie, le mouvement du nouveau président donne de l'espoir. Mary Narh est en train de vendre du porridge sur le bord de la route. 

Selon elle, "quand ils sont dans l'opposition, ils disent qu'ils vont faire mieux. Donc on prie pour que cette fois, il fasse mieux".

La corruption coûterait environ trois milliards de dollars par an au Ghana. 

Pour Michael Dery, un citoyen assis à l'ombre d'un mur, le problème commence avec un simple cadeau. 

"Si tu m'aides à construire une maison et que je reviens te dire de prendre ce cadeau, je ne vais pas appeler cela de la corruption, je vais appeler cela de la reconnaissance, explique-t-il. Mais parce que j'ai reçu un cadeau de ta part, demain si tu reviens, je vais essayer de t'aider. Parce que j'ai déjà établi ce rapport et que tu as besoin de moi, je vais être prêt à le faire".

Les citoyens appelés à signaler des infractions

Cet échange de cadeaux sera maintenant interdit en politique. Interdiction d'acheter des actifs d'Etat, déclaration d'intérêts commerciaux privés ou demande d'autorisation avant chaque voyage à l'étranger, le Code de conduite, présenté le 5 mai par le président, vise à assainir les pratiques politiques. 

Un portail en ligne permettra aux citoyens de signaler confidentiellement les infractions présumées. 

Bright Simons, chercheur pour le think tank IMANI, estime que "nous voyons ce nouvel accent mis sur la bonne gouvernance par cette administration comme un quasi-engagement à travailler sur ces aspects importants".

John Mahama : "Vous êtes là pour résoudre des problèmes"

Le 28 avril, le président ghanéen a sermonné ses ministres : "Vous n'avez pas été nommés pour occuper l'espace ; vous avez été nommés pour résoudre des problèmes".

En plus de ces déclarations, John Mahama, alors candidat, a lancé en décembre dernier l'opération "Récupérer tous les biens” chargée d'enquêter sur les cas supposés de corruption mais aussi, d'organiser la prévention. 

Pour Bright Simons, certaines mesures législatives sont obligatoires pour limiter la corruption. 

Il observe que "cela inclut le passage du Code de conduite dans la loi, pour que ça devienne plus qu'une politique gardée à la discrétion du président. Nous demandons des changements du régime de déclaration du patrimoine pour changer la situation actuelle où tout le contenu de la déclaration est confidentiel. Nous demandons aussi un ordre sur la richesse inexpliquée, un cadre juridique pour que les personnes qui obtiennent des actifs sans fondement raisonnable se soumettent à la loi".

Le sort des politiciens n'ayant pas déclaré leur patrimoine permettra d'évaluer la sincérité des annonces présidentielles.