L’UE en faveur d'un durcissement de la politique migratoire
8 décembre 2025
Les pays del'Union européenne se sont mis d'accord sur la répartition des demandeurs d'asile et les contributions au "fonds de solidarité". Au sein de l'Union européenne, 21 000 personnes en quête de protection doivent être relogées afin de soulager les Etats membres particulièrement sollicités, comme l'ont décidé les ministres de l'Intérieur lors d'une réunion à Bruxelles. En outre, les pays de l'UE moins touchés doivent mettre à disposition un total de 420 millions d'euros dans le cadre du mécanisme de solidarité décidé lors de la réforme européenne de l'asile en 2024.
Les contributions concrètes que l'Allemagne ou d'autres pays devront apporter conformément à l'accord restent pour l'instant floues. Selon une analyse du commissaire européen chargé des affaires intérieures, Magnus Brunner, l'Allemagne peut toutefois faire valoir qu'elle prend déjà en charge un très grand nombre de demandeurs d'asile qui relèveraient en réalité de la compétence d'autres Etats membres de l'UE.
D'autres contributions de solidarité, telles que des prestations en espèces ou en nature, ne seraient donc pas nécessaires de la part de l'Allemagne. Celles-ci peuvent théoriquement être fournies par les Etats membres de l'UE tenus de fournir une aide, mais qui ne souhaitent pas accueillir de réfugiés.
Dans son analyse, la Commission européenne classe la Grèce, Chypre, l'Espagne et l'Italie parmi les pays qui, en raison d'une forte pression migratoire, auront droit à la solidarité des autres Etats membres de l'UE l'année prochaine. La Suède, le Portugal, la Hongrie, la Roumanie et le Luxembourg, selon les nouvelles règles, seront probablement amenés à accueillir des migrants et des réfugiés provenant d'autres pays ou à verser d'autres contributions de solidarité.
Système commun de retour approuvé
Les ministres de l'Intérieur de l'UE ont également approuvé la proposition de la Commission européenne relative à un système européen commun de retour. L'objectif est de simplifier et d'accélérer les expulsions. « Les Etats membres disposeront d'un ensemble d'instruments nettement amélioré, notamment pour allonger les durées de détention », a déclaré le ministre danois de l’Immigration Rasmus Stoklund. En outre, la création de centres de retour dans des pays tiers devrait être autorisée.
Le "règlement retour" impose également des obligations strictes aux personnes concernées : elles doivent coopérer avec les autorités, sous peine de voir leurs prestations réduites, leur permis de travail retiré ou de faire l'objet de sanctions pénales pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement. Les personnes qui représentent un risque pour la sécurité doivent s'attendre à des interdictions d'entrée sur le territoire prolongées, voire illimitées, ainsi qu'à des peines d'emprisonnement.
Critiques des Eglises et des organisations humanitaires
Ce règlement vise à mettre en place pour la première fois un système de retour à l'échelle européenne. Grâce à la reconnaissance mutuelle des décisions de retour, les Etats membres peuvent directement appliquer les décisions d'autres Etats sans engager une nouvelle procédure. Cela doit signaler aux personnes tenues de quitter le territoire qu'elles ne peuvent pas contourner les mesures de retour en se rendant dans un autre Etat membre de l'UE. Actuellement, la reconnaissance est encore facultative. Deux ans après l'entrée en vigueur du règlement, la Commission européenne devra examiner s'il convient de la rendre obligatoire.
Le règlement à venir suscite de vives critiques : les Eglises européennes, les organisations caritatives et Amnesty International mettent en garde contre une politique répressive. Les centres de rétention dans les pays tiers sont particulièrement controversés.
En juin 2024, l'UE a décidé d'une réforme du régime d'asile européen commun, que les Etats membres doivent mettre en œuvre d'ici juin 2026. En avril, la Commission européenne a annoncé son intention d'anticiper certaines parties de la réforme afin de permettre aux Etats membres d'accélérer les procédures d'asile. Les mesures doivent encore être approuvées par le Parlement européen.