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A la prison de la Maca, les manifestants du 11 octobre

3 novembre 2025

"Tu sais que ton enfant est dans cette prison, mais tu ne peux pas le voir" : en Côte d'Ivoire, des familles de manifestants arrêtés le 11 octobre racontent leur calvaire.

La prison de la Maca.
Plusieurs centaines de personnes ont été interpellées lors de la manifestation du 11 octobre dernier.Image : Sia Kambou/AFP/Getty Images

En Côte d'Ivoire, selon le procureur de la République près le tribunal de première instance d'Abidjan, environ 700 personnes ont été interpellées par la police nationale suite à la marche de l'opposition du 11 octobre dernier. Certains de ces manifestants ont été libérés, d'autres en revanche ont été jugés puis condamnés.

"Cela me fait beaucoup de peine, beaucoup de peine de savoir que ma femme est incarcérée à la Maca (Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan, ndlr). Mais je vais faire comment ? Je me confie à Dieu et peut-être à la clémence du chef de l'Etat", raconte Honoré Djé, recontré au quartier Toit-Rouge, dans la commune de Yopougon.

Trois ans ferme

Cet électricien en bâtiment est père de deux enfants. Son épouse Madeleine Adjoua Essé a été interpellée par la police pour avoir tenté de participer à la marche de l'opposition du 11 octobre dernier. Selon Honoré Djè, "elle a été prise au niveau de la maison du parti (PDC-RDA) de Cocody. Le 11, elle a été envoyée à la préfecture de police et le 15, elle a été conduite à la Maca. Depuis le 15 jusqu'à aujourd'hui, je ne l'ai pas encore vue. Quand je pars à la Maca, on me dit que nous n'avons pas droit à des tickets pour rendre visite à nos parents qui sont là-bas. Depuis le 28 octobre, elle a été jugée et condamnée à trois ans ferme."

Ecoutez le reportage à Abidjan...

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Dans un autre quarter de Yopougon, à quelques encablures de la mairie, vivait le jeune Roland Samuel. Âgé de 33 ans et père d'une petite fille de 7 mois, il a lui aussi été arrêté puis jugé et condamné à trois ans de prison.

Sa mère, Nicole Yao Ahou, est inconsolable. "Ça fait mal de voir voir ton enfant menotté comme s'il avait commis un crime, de le voir derrière les barreaux", dit-elle.

Puis Nicole Yao Ahou fond en larmes. Elle marque une pause puis reprend ses esprits. : "Je vais à la Maca. Mais jamais ils vont me laisser entrer pour voir mon enfant. Tu es arrêtée devant la Maca et tu sais que ton enfant est dans cet endroit. Mais tu n'as pas la possibilité de rentrer pour causer avec lui. Vraiment, ça fait mal. Donc on demande pardon pour que toutes ces personnes-là soient libérées."

Des familles demandent une grâce présidentielle

Anatole Yao Aholi est âgé de plus de 82 ans, il est le grand-père de Roland Samuel. Dans la maison, leurs deux chambres se font face. Le grand père est très proche de son petit-fils. Aujourd'hui avec l'absence de Roland Samuel, le vieil Anatole Yao se sent très seul. "Avec l'émotion, j'ai perdu la tête, dit-il. Mon petit-fils, quand je me lève, c'est lui que j'appelle pour qu'il vienne ùe donner de l'eau à boire. Mais aujourd'hui, je n'ai plus personne. Ils ont pris l'enfant, ils l'ont jeté en prison."

Les proches des personnes détenues rencontrées en appellent à la clémence du chef de l'Etat. Ces derniers jours, plusieurs personnalités du PDCI et du PPA-CI ont été convoquées puis entendues par la police criminelle.

Le président Alassane Ouattara vient d'être élu pour la quatrième fois.

En accordant son pardon à ces nombreux manifestants qui ont été écroués dans les prisons ivoiriennes, il apporterait selon leurs proches un coup d'accélérateur à la réconciliation et donnerait une nouvelle chance à la cohésion nationale.