Le prix Sakharov va à deux journalistes emprisonnés
22 octobre 2025
Selon la présidente du Parlement européen, Andrzej Poczobut et Mzia Amaghlobeli sont "actuellement en prison sur la base d'accusations inventées de toutes pièces, simplement pour avoir fait leur travail et dénoncé l'injustice". Roberta Metsola a ainsi salué "leur courage" qui fait des deux journalistes "des symboles de la lutte pour la liberté et la démocratie".
L'attribution du prestigieux prix européen, en mémoire du dissident soviétique Andreï Sakharov, à ces deux journalistes "envoie un message fort à tous les prisonniers politiques : que vous n'êtes pas seuls et que le journalisme n'est pas un crime", a déclaré devant les eurodéputés l'opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa.
La journaliste géorgienne Mzia Amaghlobeli, 50 ans, est devenue le symbole de la lutte pour la liberté de la presse dans son pays. Elle a été condamnée en août à deux ans de prison pour avoir, selon l'accusation, giflé un policier lors d'une manifestation.
Elle a cofondé deux médias indépendants et est spécialisée dans les enquêtes sur le gaspillage d'argent public et les abus de pouvoir.
En Géorgie, le paysage médiatique est très polarisé, alors que le pays est tiraillé entre ses aspirations pro-européennes et l’influence de la Russie.
Reporters sans frontières dénonce une peine de prison qui symbolise le "glissement autoritaire" en Géorgie depuis la prise de pouvoir du Rêve géorgien, un parti prorusse, qui a remporté officiellement les dernières élections législatives en 2024 mais dont les résultats sont contestés par l’opposition.
Le Rêve géorgien a notamment adopté une loi sur les "agents de l’étranger" semblable à la législation russe, qui permet selon ses détracteurs de discréditer et de réprimer les voix dissidentes ou critiques.
Tbilissi a également suspendu le processus d'adhésion de la Géorgie à l'Union européenne.
Quant à Andrzej Poczobut, le journaliste et militant polono-bélarusse de 52 ans, est membre de la minorité polonaise du Bélarus.
Il a été condamné début 2023 à huit ans de prison, notamment pour "appels publics à des actions visant à nuire à la sécurité nationale" et d'"incitation à la haine".
L'opposition y voit un acte de vengeance de l'autocrate au pouvoir Alexandre Loukachenko, qui dirige cette ancienne république soviétique d’une main de fer.
Andrzej Poczobut travaillait comme correspondant à Minsk pour le média polonais Gazeta Wyborcza lorsqu’il a été arrêté début 2021 en pleine vague de répression contre les médias accusés de propos critiques à l'égard du pouvoir.
Les lauréats du prix sont censés recevoir le prix dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg le 16 décembre, mais il faudrait pour cela qu'ils soient libérés.
Andrzej Poczobut et Mzia Amaghlobeli succèdent aux opposants vénézuéliens Edmundo Gonzalez Urrutia et Maria Corina Machado, cette dernière tout juste récompensée du prix Nobel de la Paix.