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Quand l'Ethiopie et l'Erythrée s'allient contre le Tigré

30 novembre 2020

Face à la crise qui secoue le Tigré, l’Erythrée et l’Ethiopie, autrefois ennemies, allient leur force pour combattre ensemble et neutraliser le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Soldats éthiopiens célébrant une de leurs victoires à la frontière avec le Tigré
Soldats éthiopiens célébrant une de leurs victoires à la frontière avec le TigréImage : Ethiopian News Agency/AP/picture alliance

Après plus de trois semaines de combats, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a revendiqué la victoire contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti au pouvoir dans cette région. 

Selon l’International crisis group, les combats qui s'y déroulent, ont fait des milliers de morts parmi les civils et les forces de sécurité. Plus de 40.000 personnes auraient fui la zone pour se déplacer, principalement vers le Soudan. 

Alors qu'Abiy Ahmed résiste aux appels au dialogue, il existe des craintes quant à une propagation du conflit au-delà des frontières éthiopiennes.

L’Ethiopie et son voisin du nord, l’Erythrée, ont un passé clairsemé de conflits mais aujourd’hui, le président érythréen, Isaias Afwerki et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, unissent leur force contre le TPLF.

Jusqu'au début des années 1990, le Front de libération du peuple érythréen (EPLF), un mouvement sécessionniste cofondé par Isaias Afwerki, et le TPLF, étaient alliés dans la lutte contre le gouvernement militaire éthiopien. 

Ce gouvernement a été renversé en 1991.  Deux ans plus tard, l'Erythrée accédait à l'indépendance.

Soldats éthiopiens à la frontière avec le TigréImage : Ethiopian News Agency/AP/picture alliance

Une alliance temporaire sans doute

Pour le chercheur William Davison de l'International crisis group, l'Ethiopie a désormais besoin de l'Erythrée pour marginaliser davantage le TPLF. 

Selon cet analyste, il était logique d’utiliser l’Erythrée pour le soutien logistique en plus des visées communes entre les deux pays.  

Quant à Kjetil Tronvoll, spécialiste de la région et directeur du centre d'analyse Oslo Analytica, il rappelle qu’une grande partie des troupes utilisées et sacrifiées sur le front nord sont des soldats érythréens, pour la plupart des mineurs dont l’âge oscille entre 14 et 16 ans.

Combattants du Front de libération du Peuple du TigréImage : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Sur place, les combats se poursuivent comme le rappelait encore sur nos antennes il y a quelques heures, Zadig Abraha, ministre éthiopien de la Démocratisation. "Nous ne bloquons rien. Il y a des opérations militaires et en même temps le réseau téléphonique a été coupé, il a été endommagé par le TPLF. Tous les réseaux ont été détruits de même que les aéroports.  Nous travaillons à leur reconstruction. Sans toutes ces infrastructures, les citoyens n’ont plus accès à l’information. Nous n’avons rien à cacher, nous voulons juste les mettre face à leur responsabilité étant donné ce qu’ils font", explique le ministre.
 
Il serait toutefois prématuré de parler de "nouvelle amitié" entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Le rapprochement entre Addis-Abeba et Asmara pourrait être la résultante d’une alliance temporaire, le temps de mettre fin à la crise du Tigré.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a appelé ce lundi, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, à une "cessation totale des combats" et à permettre "un accès humanitaire sans entrave" dans la région du Tigré.

"Il est essentiel de résoudre le conflit en cours et de maintenir l'Ethiopie sur le chemin de la démocratie", a déclaré le secrétaire d'Etat sur Twitter après s'être entretenu au téléphone avec le chef du gouvernement éthiopien.
 

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