Quand un groupe armé envisage de devenir un parti politique
28 octobre 2019Le Secrétaire général du Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad (HCUA) Alghabass Ag Intalla assure que la transformation de son mouvement armé en parti politique permettrait d’accélérer la mise en œuvre de l’accord d’Alger signé en 2015. "Face à la réalité du terrain, et pour répondre aux aspirations légitimes de nos populations, nous devrons réfléchir à une plateforme politique", a-t-il déclaré à l’ouverture du "congrès" de son mouvement à Kidal, dans le nord-est du pays.
"S’ils veulent créer un parti politique, ça ne peut être fait que dans le cadre de la République du Mali. On peut y voir par ailleurs une forme de retour ou de reconnaissance de la forme républicaine de notre État", réagit Me Abdramane Mamata Touré, avocat au barreau du Mali à l’intention du HCUA de devenir une formation politique.
Des précédents en Afrique
Bien avant le Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad, plusieurs mouvements armés aux relents indépendantistes sur le continent se sont transformés en partis politiques. En guise d’exemples, on peut citer le CNDD-FDD, le parti au pouvoir au Burundi, le Mouvement patriotique du Salut au Tchad, le Mouvement pour la libération du Congo de Jean-Pierre Bemba ou encore le Rassemblement congolais pour la démocratie de l’ancien vice-président Azarias Ruberwa en RD Congo.
"En réalité, les élites africaines de manière générale, même celles qui prennent les armes sont toujours mues par la motivation d’accéder au pouvoir et jouir de ses prébendes. Sauf peut-être le Rwanda où on a vu le FPR (Front patriotique du Rwanda, au pouvoir, ndlr) qui a véritablement démontré que c’était une organisation qui a de la passion, la détermination pour transformer le pays. En Namibie également, la Swapo a réussi à implémenter un modèle de gouvernance qui fait progresser le pays. Mais quand vous regardez au Zimbabwe, en Afrique du sud et dans beaucoup d’autres pays, toutes ces organisations ne sont que des véhicules montés par les élites pour accéder aux mamelles de l’État", explique le politologue Kabasu Babu Katulondi.
À la suite du Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad tiendra lui aussi son congrès le 30 novembre. Le MNLA promet d'étudier la possibilité de se transformer également en parti politique afin, selon ses responsables, de participer au débat politique national du Mali.