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"Les sinistrés de Kalehe ne vivent pas bien"

19 juillet 2023

Trois mois après les inondations meurtrières à Bushushu et Nyamukubi, certains sinistrés n'ont toujours pas reçu l'aide promise par l'Etat congolais.

Inondations en République démocratique du Congo (Photo d'illustration)
La société civile tire la sonnette d'alarme à propos des fonds initialement alloués aux sinistrés. (Photo d'illustration)Image : GLODY MURHABAZI/AFP

Le 4 mai 2023, des milliers de vie ont basculé à Bushushu et Nyamukubi, suite à des inondations meurtrières qui ont entraîné des éboulements de terrain.

Faustin Ombeni est représentant de la communauté Havu vivant au Sud-Kivu. Il habite à Kalehe.

L’homme nous explique que juste après les inondations, le gouvernement avait prévu de l’aide pour les sinistrés, 20.000 personnes au total.

Chaque ménage était censé recevoir un montant de 2,5 millions de francs congolais (environ 1.100 dollars) mais certains n’ont rien reçu, et ceux qui ont pu avoir cette aide n’ont perçu que l’équivalent de 200 dollars.

Des localités de Bushushu et Nyamukubi, dans l'est de la République démocratique du Congo, il ne reste presque rien (Photo d'illustration)Image : GLODY MURHABAZI/AFP

A cela s’ajoute le fait qu’il est difficile de savoir qui est sinistré et qui ne l’est pas.

" Les sinistrés qui sont là ne vivent pas bien parce qu’ils ne sont assistés ni en eau potable ni en vivres. Nous devons signaler qu’il y a eu des détournements des biens ou des dons qui ont été donnés. Malheureusement, ce sont des biens qui ont été récupérés par des personnes inconnues. D’ailleurs, récemment, on a attrapé un conseiller avec 100 jetons, et chaque jeton devait représenter un ménage sinistré", ajoute Faustin Ombeni.

Difficultés au niveau du suivi de l'aide apportée

Après la catastrophe de Kalehe, nous explique Olivier Muhima, coordonnateur de l’initiative " Résilience " et originaire de Kalehe, le choc était bien trop grand. Il confirme aussi que l’aide n’était pas toujours versée aux personnes qui en avaient besoin. C’est pourquoi, en juin, il a organisé une rencontre pour sensibiliser sur le sort des sinistrés.

"Il y a eu des détournements des biens" (Faustin Ombeni)

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"Etant originaire de Kalehe, nous avions des feedbacks, nous savions que cette aide n’atteignait pas forcément les personnes concernées. D’abord parce qu’il n’y avait pas une identification réellement organisée sur les sinistrés. Il y a eu des personnes opportunistes qui sont venues des grandes villes voisines pour s’installer dans les camps et capter l’aide. Il y a eu plusieurs actes qui ont fait que l’efficacité même de l’aide n’était pas ressentie. Finalement, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour remplir ce vide, " confie Olivier Muhima à la Deutsche Welle.

Des nouvelles habitations pour les sinistrés ?

Les autorités congolaises assurent pour leur part que les sinistrés devraient pouvoir être bientôt relogés. Thomas Bakenga, l’administrateur du territoire de Kalehe, ajoute qu’une prise en charge psychologique a été mise en place pour lutter contre les traumatismes vécus par ces populations.

"Les sinistrés sont dans des sites temporaires et nous en avons deux. Le gouvernement a déjà disponibilisé deux sites (douze hectares) qui pourraient recevoir à peu près 355 maisons de 15 mètres sur 15. D'ici à deux semaines, on aura terminé et amené les familles les plus vulnérables sur le site de Luhako qui est en train d’être finalisé", confirme l’administrateur du territoire de Kalehe

Par ailleurs, Olivier Muhima, coordonnateur de l’initiative " Résilience ", précise qu’il prévoit, avec sa structure et ses partenaires, de se rendre à Kalehe au mois d'août pour initier une série de collectes de données et d’accompagnement à l’identification des véritables sinistrés.