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Quel gouvernement pour l'Allemagne ?

Konstanze von Kotze
21 novembre 2017

Après l'échec des négociations pour former un nouveau gouvernement, le président Frank-Walter Steinmeier exhorte les partis politiques au compromis, repoussant, dans un premier temps, un nouveau scrutin.

Berlin CDU/CSU-Größen Gestik nach Ende der Sondierungsgespräche
Image : Reuters/H. Hanschke

En Allemagne, l'échec des négociations est emblématique des tensions politiques qui secouent le pays. Le président Frank-Walter Steinmeier a exhorté les partis politiques au compromis, repoussant dans un premier temps la nécessité d'organiser de nouvelles élections. Mais il semble peu probable que la chancelière Angela Merkel, affaiblie par cet échec, parvienne à diriger le pays avec un gouvernement minoritaire. Une situation en tous cas inédite depuis la fondation de la République fédérale d'Allemagne en 1949.

Un gouvernement minoritaire 

Image : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

Une solution serait la formation d'un gouvernement minoritaire, avec une alliance entre les conservateurs et les Verts ou entre les conservateurs et les libéraux - avec tout ce que cela comporte comme risques pour la stabilité du pays. "Nous qui sommes plutôt habitués à la stabilité, il est sûr qu'un gouvernement fragile n'est pas souhaitable", explique Christine Landfried, professeur en Sciences politiques à l'Université de Hambourg. Angela merkel a d'ailleurs déjà rejeté cette idée, estimant que "l'Allemagne a besoin d'un gouvernement stable qui n'ait pas à chercher une majorité à chaque décision". 

 

De nouvelles élections 

L'organisation de nouvelles élections, dont on ne peut pas prévoir les résultats, n'est pas forcément une meilleure option. "Le vote sera très probablement similaire au précédent. Or, c'est exactement cela qui a conduit à la situation problématique dans laquelle l'Allemagne est aujourd'hui", estime Christine Landfried. Dans le pays, certains craignent aussi que le parti populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a enregistré des scores inédits aux dernières élections et promis de "faire la chasse" à Angela Merkel ne fasse des meilleurs scores encore lors d'un nouveau scrutin.

Image : Reuters/A. Schmidt

Si nouvelles élections venaient tout de même à être organisées, la question est de savoir si elles se feraient avec ou sans Angela Merkel. Après 12 ans au pouvoir, son avenir s'assombrit et la faute lui revient estime Christian Hacke, membre de l'Institut allemand de politique étrangère. "Dès le début des négociations, Angela Merkel aurait dû donner une direction stratégique claire aux négociations et obliger les différents partis à signaler, au bout d'une semaine, si un accord était envisageable ou non", explique-t-il. Selon lui, la chancelière a simplement cherché à se maitenir au pouvoir. Elle a d'ailleurs déja annoncé son intention de se porter à nouveau candidate si un scrutin anticipé était organisé. 

 

Série de réunions à venir

Pour éviter un nouveau scrutin le président fédéral, Frank Walter Steinmeier recevra, dès ce mardi, les dirigeants des Verts, avant une entrevue avec le président de sa propre formation, le Parti social-démocrate, le SPD. Les sociaux-démocrates refusent jusqu'ici, et leur président Martin Schulz l'a redit ce lundi, de s'allier au parti de la chancelière pour une nouvelle "grande coalition". Frank Walter Steinmeier a déjà appellé au compromis. Quelque soit la tournure que prennent les événements, les Allemands ne sont pas habitués à un tel remue-ménage. C'est en général le consensus qui prime, tant au niveau politique qu'économique. 

Image : picture-alliance/abaca/M. Gambarini

Les seuls qui pourraient éventuellement profiter de cette situation chaotique sont les extrêmes et en particulier la formation d'extrême droite AfD, "Alternative pour l'Allemagne". À défaut de faire un meilleur score si jamais de nouvelles élections avaient lieu, ses militants peuvent claironner encore plus fort que décidément, les partis établis ne sont bons à rien.