Qui commandite l'attaque des prisons de la RDC ?
12 juin 2017Le bilan de la prison centrale de Kangbayi de Béni, fait état de onze morts et au moins 900 détenus ayant pris la clé des champs. Parmi les fugitifs, une centaine de présumés miliciens Maï Maï Mazembe et une quarantaine de présumés rebelles ougandais, ADF-Nalu.
Ce qui surprend les observateurs de la vie politique congolaise, c’est que l’attaque de la prison centrale de Béni est survenue juste au lendemain de celle d’un commissariat et d’un parquet de la commune de Kinshasa. Le 17 mai dernier, la prison centrale de Makala à Kinshasa avait elle aussi été attaquée dans des conditions similaires. A qui peut-on imputer la responsabilité de cette série d’attaques ? Abbé Muhindo Malonga Télésphore, le Président de la Société Civile de la ville de Butembo dans le Nord-Kivu analyse la situation:
" Ceux qui peuvent profiter de ce désordre pour retarder les élections le plus possible peuvent aussi le faire. Comme y’en a qui peuvent le faire pour montrer qu’effectivement le régime ne contrôle plus rien, même les endroits qui sont supposés être les plus sécurisés. Cela ne ferait que montrer qu’effectivement le pouvoir ne nous sécurise plus. Parce que si on peut entrer aussi facilement dans des endroits qui sont supposés être de haute sécurité, imaginez-vous la situation des pauvres citoyens qui ne sont pas gardés. "
Chaude alerte?
Cette série d’attaque de prisons en RDC est un signe qui ne trompe pas, selon certains experts. Le politologue Godé Atswel-Okel estime qu'il annonce la déchéance du pouvoir de Joseph Kabila.
" Les évasions y’ en avait depuis l’époque de Mobutu. Mais pas de cette nature. C’est très dangereux ce qui se passe actuellement. Ce sont des signes avant-coureurs, d’un grand événement qui peut se produire. Mobutu avant de partir, il y a eu beaucoup de signes avant-coureurs. C’est un peu comme on dit que Jésus-Christ va revenir, il y a des signes indicateurs. En politique aussi c’est pareil. C’est le signe de la déchéance du pouvoir. Ça signifie que vous n’avez plus avec vous la sécurité. C’est une alerte. C’est une alerte "
Face à cette situation d’insécurité dans les prisons de la RDC, le politologue Godé Atswel-Okel, tout comme d’autres analystes regrettent que le Ministre congolais de la Justice n’ait toujours pas démissionné. Contacté par la Deutsche Welle, Alexis Thambwe Mwamba et son collègue de la Communication, Lambert Mendé Omalanga n’ont pas souhaité se prononcer sur cette actualité brûlante.