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Qui est responsable de l'accueil des migrants?

Tamara Wackernagel10 septembre 2015

Le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, a proposé un plan d'action commun. Réactions et commentaires de la presse allemande au plan Juncker, pour répartir les migrants dans l'Union européenne.

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Image : Tyler Jump/International Rescue Committee

À qui revient la responsabilité d'accueillir les réfugiés qui réussissent à atteindre l'Europe, après un dangereux périple ? À cette question, le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker a répondu hier par un plan d'action commun. Mais plusieurs pays européens rejettent ce projet, ce qui laisse de nombreux éditorialistes de la presse allemande sceptiques quant à son efficacité.

Simple effet d'annonce?

« Pas grand-chose de nouveau, peu d'effets à attendre » : voila ce qu'on lit dans les colonnes de Die Tageszeitung, la taz. « Juncker s'est laissé beaucoup de temps pour réagir. Le chaos sur l'île de Kos, en Grèce, la répression arbitraire en Hongrie : il n'a pas réagi à ces évènements. Et soudain, il use d'arguments forts, il veut montrer une vision positive de l'Europe. Mais comment compte-t-il transmettre cet enthousiasme ? » se demande le quotidien berlinois, incrédule.

La Süddeutsche Zeitung approuve, elle, le plan Juncker – mais dans la théorie seulement : « il indique la bonne direction », salue ce journal munichois. « Car le problème ne peut être réglé que par une action commune et solidaire. Mais tous doivent être conscients que ce plan ne sera pas appliqué tel qu'il a été conçu. La résistance individuelle de certains pays va obliger la Commission à le morceler. Malgré le volontarisme de Juncker, l'Europe pourrait ainsi échouer ».

Un Syrien profite d'une visite de la chancelière dans un centre d'enregistrement pour faire un selfie avec Angela MerkelImage : picture-alliance/AP Photo/Michael Sohn

« Comment expliquer cette résistance ? » se demande, depuis Francfort la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Elle l'explique par des antagonismes culturels et politiques, cristallisés par la venue de plus d'une centaine de milliers de réfugiés. « Les uns portent la morale et la responsabilité aux nues - même si dans la pratique, à bien y regarder, ils ne se montrent pas si héroïques et désintéressés que ça – tandis que les autres se sentent dépassés par la crise, et /ou sceptiques quant aux possibilités d'intégration. » Cette crise va secouer l'Union, bien plus encore que la crise financière ou le conflit ukrainien, conclut le journal de Francfort. « Les Européens doivent se recentrer sur l'essentiel, et cela signifie autant le partage des inconvénients que le partage des avantages que représente l'Union. Finis les grands discours, place à l'action.»

Violences inquiétantes en Turquie

Diyarbakir, bastion kurde dans l'est de la TurquieImage : DISA

Autre thème dans la presse allemande aujourd'hui, les violences en Turquie, un pays qui a de nombreux liens avec l'Allemagne . La situation semble dégénérer un peu plus chaque jour. À l'Est, des combats opposent l'armée turque et la guérilla séparatiste kurde, tandis que dans le reste du pays, des militants nationalistes turcs s'en s'ont pris aux locaux du HDP, le parti pro-kurde.

Là encore, la presse allemande est pessimiste sur le cours des événements, voire alarmiste. « Le président turc Recep Tayyip Erdogan risque une guerre civile pour gagner les élections du premier novembre», titre Die Welt, de Berlin. « Il ordonne des opérations militaires qui entraînent son pays vers le chaos et déstabilisent les pays voisins. L'État turc combat le PKK, les nationalistes attaquent la gauche, les Kurdes affrontent le groupe État Islamique, qui, lui, est contre tous.» Une situation que le quotidien résume en une image : « Imaginez un grand baril de poudre posé dans le Bosphore, voilà la Turquie aujourd'hui. »