Qui sont les rebelles dans le nord du Mali?
3 avril 2012 Les touaregs sont un peuple présent dans une zone très étendue, qui va de la Libye, au Niger, en passant par le Mali, l’Algérie ou la Mauritanie. Au Mali, ils représentent 10% à peine des 14 millions d’habitants, mais cette communauté s’est déjà rebellée plusieurs fois contre le pouvoir central de Bamako, dans les années 1990, en 2006 et en 2009. Issa Dicko, touareg originaire de Tombouctou explique ce qui soude ce peuple de nomades :
« Ils avaient le contrôle de tout le Sahara central et étaient organisés en confédérations. Dans la confédération, il y a les tribus et les fractions. Chaque confédération était autonome et organisée politiquement et socialement, avec tous les parcours des pâturages et autres. C’est comme ça que la vie était organisée. »
Tous les touaregs du Mali ne soutiennent cependant pas les actions armées du MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, qui réclame l’autonomie des trois grandes régions du nord, autour de Kidal, Gao et Tombouctou, et se revendique laïc. Créé fin 2011, le MNLA est lui-même un groupe assez hétérogène. Il compte dans ses rangs d’anciens rebelles des révoltes des années 1990, des intellectuels, mais aussi d’anciens combattants pro-Kadhafi venus de Libye.
Des groupes divers
Mais il y a également d’autres groupes armés impliqués dans les combats dans le nord du Mali, qui ne poursuivent pas tous les mêmes objectifs. Citons notamment le mouvement « Ansar Dine » - ce qui signifie « protecteurs de la religion », pourtant dirigé par un touareg. Professeur Mohammed Benhammou, spécialiste des questions de sécurité et du terrorisme, président du Centre Marocain d'Etudes Stratégiques à Rabat :
« Ce sont des groupes, même quand ils affichent des objectifs politiques, si la finalité est d’arriver à l’autonomie dans les trois grandes zones de la région, il y a une rivalité. Ansar Dine, c’est aussi une certaine dérive vers la mouvance islamiste, qui cherche à avoir des appuis dans la région autres que des appuis politiques. Il cherche une sympathie islamiste dans sa démarche. »
Ansar Dine aurait des liens avec AQMI et des groupes de trafiquants de la région. Le mouvement veut imposer la charia dans la région.
Risque de contagion régionale
Si l’Algérie a su gérer la présence touareg sur son territoire, ce n’est pas le cas de tous les autres Etats frontaliers, plus fragiles, comme le Niger. D’où le risque éventuel de propagation dans plusieurs pays sahéliens. Tout va donc dépendre désormais de la coopération entre les Etats de la région pour contenir cette interconnexion grandissante entre mouvements séparatistes, groupes islamistes et réseaux se livrant à la criminalité transfrontalière.
Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Cécile Leclerc