Réactions aux élections dans l'Est ukrainien
3 novembre 2014Le "Premier ministre" de la République auto-proclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko a été élu "président" avec près de 78% des voix. A Lougansk, l'ex-militaire Igor Plotnitski, très attaché au passé soviétique, a obtenu plus de 63% des suffrages. Un scrutin qualifié de farce par la majorité des Ukrainiens comme par son président Petro Porochenko. Un scrutin « illégal et illégitime » selon l'Union européenne et les Etats-Unis. La Russie, elle, -comme elle l'avait annoncé-, a reconnu les résultats.
« Tout politicien occidental rêve d'une élection comme celle des rebelles dimanche en Ukraine, écrit la Süddeutsche Zeitung: avec des rivaux quasi inconnus des électeurs et avec seulement deux partis ». Aussi était-il clair, avant la publication des résultats déjà, que Alexandre Zakhartchenko , ex-électricien, chef militaire d'une unité rebelle et , depuis août, « Premier ministre « chef de tous les rebelles, pourrait bientôt se proclamer « Président de la République Populaire du Donetsk ». Cette élection sans opposition n'était pas un miracle ! Depuis des mois, les rebelles ont chassé leurs adversaires, les ont arrêtés ou même tués, souligne la Süddeutsche. Pas un jour ne passe à Donetsk et sa région sans que des adversaires- réels ou présumés- des rebelles pro-russes, ne disparaissent sans laisser de trace. Et plusieurs centaines de milliers d'habitants ont fui les combats et accrochages permanents.
De longues queues devant les bureaux de vote
La Frankfurter Allgemeine Zeitung montre à la Une une longue file majoritairement composée de vieilles personnes devant l'entrée d'un bureau de vote contrôlé par des hommes en treillis, lourdement armés , à Donetsk. Le journal explique aussi que des pommes de terre et des légumes provenant de l'aide humanitaire russe étaient distribués devant les bureaux de vote dont seulement un tiers avaient été ouverts, ce qui explique les files d'attente.
En Allemagne, le vice-président du groupe chrétien démocrate au Bundestag Andreas Schockenhoff a qualifié ces élections de "provocation":
"Il n‘y a eu qu‘ une faible participation, pas de listes électorales, des gens ont voté plusieurs fois. C‘est une pure provocation. Et une contradiction des accords passés à Minsk entre le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko avec les soi-disants séparatistes. L'objectif de ce scrutin était de montrer que la Russie et les séparatistes boycottent et sabotent une Ukraine souveraine. Il est évident que l'on ne peut pas reconnaître cette élection et l'Europe a pris là une position claire ! "
Aujourd'hui, le gouvernement allemand a de nouveau appelé Moscou à respecter "l'unité de l'Ukraine". "Ces soi-disant élections ont eu lieu sans respecter ni le droit ukrainien, ni la Constitution de l'Ukraine. Elles ne peuvent donc avoir aucune validité juridique …et elles aggravent la crise" dans le pays. C'est ce qu'a déclaré Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand à Berlin.
Et alors que des combats ont repris à Donetsk près de l'aéroport, le président ukrainien Petro Porochenko à Kiev a qualifié ces élections de "pseudo-élections organisées par des terroristes et des bandits en territoires occupés". Les services de sécurités nationaux ukrainiens à Kiev ont engagé une procédure judiciaire contre les chefs séparatistes pour « prise illégale de pouvoir ».