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Réactions à Beni après la prolongation de la trêve

Pascal Mapenzi
19 juillet 2024

Qualifiée d'opportunité pour la paix par Washington, certains, à Beni, estiment au contraire que c'est une provocation.

Soldats à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo
La trêve humanitaire a été prolongée jusqu'au 3 août. La première trêve, en vigueur depuis le 5 juillet, devait s'achever ce vendredi.Image : Alain Uaykani/Xinhua/picture alliance

La première trêve en vigueur depuis début juillet était censée faire taire les armes, afin de permettre le retour des personnes déplacées et fournir au personnel humanitaire un accès aux populations vulnérables. Mais celle-ci a été rompue plusieurs fois par des accrochages qui ont opposé les miliciens alliés de l'armée congolaise, aux rebelles du Mouvement du 23 mars, dits M23. 

Tafuteni Muhindo, président de la société civile de Lubero, s'attendait donc plutôt à une grande offensive de son armée et il a du mal à digérer la décision de la prolongation : 

"En tout cas, pour nous, c'est une provocation, on n'attendait pas autre chose que des offensives de grande envergure de la part du gouvernement. Il faut que notre gouvernement s'assume, la trêve ne nous favorise en rien. Et nous demandons au président de la République de jouer vraiment son rôle. Nous avons un pays qui est dit souverain, alors que notre souveraineté soit respectée !"

"La trêve ne nous favorise en rien" (T. Muhindo)

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Des espoirs douchés

Pourtant, l'annonce de la première trêve avait suscité beaucoup d'espoirs au sein des habitants des zones touchées par les combats. C'est le cas de cet habitant de Mighobwe, près de Kirumba. Préférant conserver son anonymat, il avait salué la trêve mise en place et souhaité qu'elle soit suivie par une cessation définitive des hostilités : "Nous souhaitons que cette trêve dure longtemps et que ça soit la fin définitive de la guerre, parce qu'en temps de guerre, les gens endurent d'énormes souffrances."

Mais son espoir n'a été que de courte durée puisque dès le 7 juillet, soit deux jours après le début de la trêve, la ville de Kirumba, sous contrôle du M23, a été attaquée par des miliciens wazalendo, alliés de l'armée congolaise.

Selon plusieurs témoins, ces accrochages se sont poursuivis toute la semaine dans plusieurs localités du territoire de Masisi, au nord-ouest de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu.

Les 15 et 16 juillet, sept personnes ont été tuées à Bweremana, en territoire de Masisi, par des tirs d'obus provenant des positions du M23, rapporte la société civile locale.

Le Rwanda dans le viseur

Dans un communiqué du 11 juillet, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l'armée congolaise au Nord-Kivu, a accusé l'armée rwandaise d'avoir violé la trêve humanitaire qui était supposée tenir jusqu'au 19 juillet : 

"Les Rwanda Defense Forces ont lancé des attaques simultanées sur les positions des forces armées de la RDC et ses partenaires et ceci en violation de la trêve humanitaire. Il s'en est suivi un déplacement massif des populations qui a non seulement aggravé davantage une situation humanitaire déjà chaotique, mais a aussi causé une entrave au personnel humanitaire pour accéder aux populations vulnérables."

Depuis fin juin 2024, la rébellion du M23, appuyée par l'armée rwandaise, contrôle plusieurs entités du territoire de Lubero, dans le nord de la province du Nord-Kivu. Le gouvernement de la RDC a promis de récupérer les territoires occupés par la rébellion.

Il y a 48 heures, le chef d'état-major adjoint de l'armée a rendu visite aux militaires au front sur l'axe Butembo-Kirumba, afin de remonter leur moral dans cette zone où, début juillet, 25 militaires ont été condamnés à la peine de mort pour "fuite devant l'ennemi".