Réalisme à Cancun
30 novembre 2010Les quelque 132 pays représentés à la cérémonie d'ouverture ont jusqu'au 10 décembre pour trouver des solutions et redonner un souffle aux négociations sur le climat lancées par l'ONU il y a 18 ans. Lenteur des négociations, contre accéleration des déréglements climatiques : la course contre la montre est bel et bien engagée pour freiner le réchauffement climatique et surtout en limiter les conséquences pour les pays les plus fragiles.
Mais, à la différence du sommet très médiatisé de Copenhague, qui avait abouti à un fiasco, c'est-à-dire à un accord à minima conclu par une vingtaine de chefs d'Etat sur un vague objectif de limitation du réchauffement à 2 degrés, cette fois-ci c'est le réalisme qui prime. Comme en témoigne la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard : « Vu que le Sénat américain bloque toute nouvelle législation et vu le manque de progrès dans de nombreuses capitales, nous constatons que, bien que l'Union européenne soit prête, comme l'année dernière à Copenhague, nous n'obtiendrons pas d'accord global contraignant à Cancun… » Et selon les mots de la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, on peut espérer un « jeu de décisions équilibré » qui servirait de « fondation à d'autres accords ».
Un Plan Marshall vert
Concrètement, des avancées semblent possibles sur des dossiers comme la lutte contre la déforestation ou la création d'un fonds vert. Le rapporteur de l'Onu sur le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter, a appelé les pays présents à Cancun à lancer un « Plan Marshall vert pour l'agriculture ». Une partie des quelque 100 milliards de dollars par an promis d'ici 2020 aux pays les plus pauvres pourrait transiter par ce fonds. Pourquoi? Il faut savoir que l'agriculture des pays riches est déjà responsable de 14% des émissions de gaz à effet de serre, ces mêmes gaz qui provoquent, en tout cas on le pense - le réchauffement climatique. Et cette tendance s'accentue.
Du coup, à cause du réchauffement, les rendements de l'agriculture en Afrique australe pourraient eux, chuter de 50% entre 2000 et 2020. Des centaines de millions de personnes seraient alors menacées de famine. Cancun a le devoir d'avancer concrètement.
Auteur: Elisabeth Cadot
Edition: Sébastien Martineau