Près de sept millions de Guinéens en âge de voter étaient appelés à se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution proposé par les militaires au pouvoir. Selon notre correspondant à Conakry, l'affluence pourrait avoir été plus importante que prévu, car de nombreux Guinéens souhaitent sortir de la transition militaire, pour un retour à l'ordre constitutionnel.  

La campagne qui a précédé ce scrutin s'est déroulée dans un climat morose, marqué par le rétrécissement, depuis plusieurs mois, de l'espace civique et politique : dissolution des principaux partis, enlèvements, disparitions, emprisonnements des voix critiques à la junte, tandis que plusieurs leaders politiques de poids ont été contraints à l'exil. 

La directrice générale des élections de Guinée a annoncé lundi soir que le taux de participation au référendum sur le projet de nouvelle Constitution a atteint 91,4 % après le dépouillement dans plus de 80 % des bureaux. Le "oui" gagnerait à plus de 80 % dans une majorité des bureaux. 

Alpha Amadou DS Bah, le président de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen, doute pour sa part d'un fort taux de participation à ce scrutin. 

Alpha Amadou DS Bah : Pour le moment, on ne peut pas dire qu'il y a une forte mobilisation,  parce qu'on n'a pas en notre possession les résultats.

Nous avons quelques images d'affluence dans certains endroits et dans d'autres, c'était le désert total.

Donc, nous attendons que les observateurs et ceux qui ont participé au processus électoral donnent leur impression et surtout les rapports pour qu'on dise qu'il y a eu affluence ou pas.

DW : Pourtant, selon nos informations, il y a eu beaucoup d'électeurs qui se sont déplacés, qui sont sortis voter le dimanche 21 septembre 2025.

Alpha Amadou DS Bah :  Oui, effectivement, il y a eu quelques électeurs qui sont sortis voter.Dans certains endroits, les électeurs n'ont pas retrouvé leur bureaux de vote.

Certains disent aussi qu' il y avait des endroits où il n'y avait pratiquement pas beaucoup d'électeurs.

J'ai suivi aussi un reportage d'un média local qui a indiqué qu'en tout cas dans la matinée, il y avait quelques bureaux de vote où il n'y avait pas d'affluence..

DW : Les principaux opposants, notamment ceux qui sont en exil comme Cellou Dalein Diallo, ont appelé au boycott de ce référendum du dimanche (21 septembre). N'ont-ils pas été désavoués, au regard de la forte participation, même si on ne sait pas ce que les électeurs qui sont allés voter ont déposé dans les urnes ?

Alpha Amadou DS Bah:  Si c'est avéré, effectivement, le pari aura été perdu. Maintenant, est-ce qu'il faut rechercher les causes de cette perte de parie?

Certains acteurs politiques ont été autorisés à faire campagne, d'autres ont été empêchés.

Donc la suspension de plusieurs partis politiques pourrait expliquer certainement cet échec.

DW : Au final,  peut-on en déduire que ce sont les militaires au pouvoir qui sortent gagnants de ce référendum ? Est-ce que ce n'est pas le général Doumbia qui sort gagnant de ce scrutin ?

Alpha Amadou DS Bah :  Notre objectif, c'est qu' il y ait le retour à l'ordre constitutionnel. Il faudrait  se concentrer sur les prochaines étapes. Que tout monde soit appelé à participer au processus électoral, sans qu'il n'y ait de restriction de qui que ce soit.