Résultats des élections législatives israéliennes
30 mars 2006C’est une population épuisée qui s’est rendue dans les bureaux de vote, écrit die Welt. Epuisée par le terrorisme des militants palestiniens, épuisée par un processus de paix mal en point, épuisée par des luttes de pouvoir et d’intérêt sur la scène politique. Le taux de participation, de 62,3%, est le plus bas de l’histoire du pays. Mais le vote des électeurs israéliens bouleverse complètement le paysage politique : le nouveau parti Kadima est vainqueur, le Likoud, qui faisait partie du gouvernement depuis 1977, est maintenant quasiment insignifiant, le parti laïque Shinui, jusqu’à présent troisième force, disparaît de la Knesset, les retraités obtiennent 7 sièges d’un coup et le parti russophone d'extrême droite, Israël Beiteinou, réalise avec 12 mandats une percée surprenante. Le fait que dix partis et formations soient représentés au nouveau parlement israélien ne rend pas simple la formation d’un gouvernement.
La Frankfurter Rundschau met en garde contre des espoirs de paix démesurés. Et pas uniquement à cause de l’arrivée au pouvoir du Hamas dans les territoires palestiniens, souligne le journal. Si ces élections sont si importantes, c’est aussi parce qu’elles ont eu lieu dans un contexte de visions déçues. Le rêve d’un grand état d’Israël s’est effondré et avec lui le vieux parti du Likoud. Mais un autre rêve a volé en éclat, poursuit le quotidien, celui d’un accord de paix entre deux peuples. Car à y regarder de près, il n’y a plus aujourd’hui qu’une minorité d’Israéliens qui croit encore à la paix.
C’est également l’avis de la Süddeutsche Zeitung pour qui les Israéliens n’ont pas seulement choisi Ehud Olmert et le parti Kadima pour diriger le pays, mais ont aussi abandonné la paix. Le parti qui va prendre les rênes du pouvoir souhaite une séparation totale avec les Palestiniens d’ici 2010. Le jour du vote marque donc le début de l’unilatéralisme dans le conflit du Proche-Orient. C’est aussi ce jour-là que, côté palestinien, le parlement a accordé sa confiance au gouvernement formé par le groupe radical Hamas. Après des années de négociations et d’accords, après l’Intifada, les actions militaires, les tentatives de médiation, les cessez-le-feu, les attentats et les semi-concessions, les fronts n’ont jamais été aussi clairs qu’aujourd’hui. Chacun des deux camps ne veut plus rien avoir à faire avec l’autre.