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Résurgence des violences interethniques en Côte d'Ivoire

25 août 2020

La Côte d’Ivoire reste sous tension au lendemain d'affrontements intercommunautaires qui ont fait plusieurs morts dans le pays dont deux personnes tuées samedi à Divo, au nord-ouest d'Abidjan.

Manifestations à Abidjan contre une nouvelle candidature d'Alassane Ouattara
Manifestations à Abidjan contre une nouvelle candidature d'Alassane OuattaraImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

La recrudescence du conflit intercommunautaire entretenu par des propos haineux sur les réseaux sociaux fait redouter une explosion de violence dans un pays qui a déjà vécu de graves crises liées au processus électoral.

Depuis l'annonce le 6 août dernier de la candidature du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat, des manifestations ont dégénéré en violences interethniques, pendant trois jours, faisant six morts, une centaine de blessés et 1.500 déplacés. Samedi (22.08), de nouvelles violences ont fait au moins deux morts à Divo, une ville située à 200 kilomètres d'Abidjan.

Des jeunes manifestants faisant face aux forces de l'ordre à Yopougon.Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

Risques d'explosion

Ces affrontements interethniques rappellent des événements tragiques qu’ont connus certains pays du continent, dont le génocide au Rwanda constitue l'exemple le plus dramatique. 

Pour Christophe Kouamé, de l'ONG Citoyens et participation, c'est le manque de justice qui explique la montée des propos haineux. 

"Tous ces propos de haine, je pourrais dire qu’ils sont contenus dans le manque de recours, le mépris de la classe dirigeante et dans la corruption. Les citoyens n'ont pas de recours au niveau de la justice. Ne serait-ce que pour discuter, on vous en empêche et parallèlement à la justice vous voyez le parti au pouvoir se réunir, marcher dans la rue alors que la veille on a interdit à l'opposition de marcher."

Des appels à la haine sur les réseaux sociaux

Depuis quelques jours, les images montrant des hommes armés de fusils de chasse et de machettes sont omniprésentes sur les réseaux sociaux, appuyées par des vidéos relayant des propos haineux. 

Mais Wodjo Fini Moïse Traoré, conseiller pour les droits de l’Homme au ministère de la Sécurité, ne pense pas qu’on puisse comparer la Côte d’Ivoire avec le Rwanda : 

"Non, la Côte d'Ivoire n'est pas comparable au Rwanda. Ici, nous avons plusieurs ethnies, nous en avons 60, et au Rwanda vous n’en avez que deux.  Donc, il n’y a pas de transposition à faire mais en même temps ce qu'on peut dire est qu'effectivement nous avons remarqué, depuis un moment, des appels à la discrimination d'une ethnie contre une autre. Ce sont des appels qui sont graves que nous ne pouvons pas accepter. Je peux vous assurer que la situation qui a prévalu en 2010-2011, les Ivoiriens en ont pris conscience. On fera tout pour ne pas verser dans cette bêtise humaine."

La circulation des armes légères fait craindre des exécutions sommaires.Image : AFP/I. Sanogo

Les séquelles de la guerre civile

Selon Hannah Smidt, spécialiste de la Côte d'Ivoire à l'Institut allemand Giga, la violence est facilitée par le fait que le pays a traversé une guerre civile et que de nombreuses armes légères sont toujours en circulation au sein des communautés qui en font usage pour leur autodéfense : 

"Afin de prévenir les conflits violents entre les groupes ethniques, l'appareil d'Etat doit être renforcé sur le long terme. Les tribunaux locaux doivent être renforcés et les autorités traditionnelles doivent être davantage impliquées dans la résolution des conflits fonciers."

Le bureau régional d'Amnesty international estime pour sa part que pour mettre un terme aux violations systématiques des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, il faut libérer sans condition les détenus politiques et ouvrir des enquêtes judiciaires contre les milices qui attaquent les manifestants. 

 

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