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ConflitsUkraine

La livraison de chars lourds à l'Ukraine toujours bloquée

Marco Wolter | Avec agences
20 janvier 2023

Une cinquantaine de pays étaient réunis ce vendredi sur la base militaire américaine de Ramstein, en Allemagne, pour discuter de l’aide à apporter à l’Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zekensky s'adresse aux alliés lors d'une visioconférence
Le président ukrainien Volodymyr Zekensky a exhorté les alliés à accélérer leurs livraisons d'armes lourdesImage : UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS/REUTERS

Les ministres de la Défense de ce groupe de soutien à Kiev n’ont toujours pas réussi à trancher la question de la livraison de chars lourds et de missiles de longue portée à l’armée ukrainienne. La pression est notamment sur les épaules de l’Allemagne qui dispose des chars Leopard 2, réclamés par le président Volodymyr Zelensky, qui a appelé en ouverture de ce sommet les Occidentaux à "lancer un approvisionnement majeur qui arrêtera le mal".

Mais selon le tout nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, pour qui ce sommet de Ramstein constitue la rampe de lancement sur la scène internationale, "il faut peser très soigneusement le pour et le contre".

Boris Pistorius participait à Ramstein à son premier sommet international en tant que nouveau ministre allemand de la DéfenseImage : dpa

La question "a été discutée" mais "aucune décision n'a été prise", précise le ministre, qui ne semble pour le moment pas rompre avec la ligne du chancelier Olaf Scholz : celle de temporiser, quitte à se voir critiquer de trainer des pieds dans le soutien à l’Ukraine. 

Mais "l’impression" que l'Allemagne s'oppose seule à la livraison de chars à Kiev est "fausse", a lancé Boris Pistorius. Berlin serait prêt à agir rapidement sur la question s'il y avait un consensus entre les alliés.

Définir les objectifs militaires de l'aide

De son côté, le ministre polonais de la Défense s'est déclaré vendredi "convaincu" que les alliés réussiront à créer une coalition pour livrer des chars Leopard à l'Ukraine. 

Reste à savoir sur quelle base les alliés discutent. Quels sont finalement les objectifs finaux de l’aide apportée à l’Ukraine ? 

C’est en tout cas la question que posent plusieurs journaux européens en commentant ce sommet. A l’image de la Frankfurter Rundschau qui demande s’il s’agit de chasser l’armée russe des nouveaux territoires occupés, ou bien de donner aux Ukrainiens une force de frappe capable de reconquérir la Crimée ? 

Le char Leopord 2 est répandu en Europe, ce qui facilite l'accès aux munitions et pièces de rechangeImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

"Les réponses à ces questions déterminent également la nature et l'ampleur de l'aide"”, dit le journal qui estime que ni Olaf Scholz, ni Joe Biden ou Emmanuel Macron n’ont jusqu’à présent "pris de décisions, ni expliqué leurs objectifs".

La Repubblica en Italie voudrait également savoir si les alliés veulent "permettre à l'Ukraine de repousser la nouvelle offensive russe tant redoutée, ou qu'ils la dotent au contraire d'armes permettant une contre-attaque d'envergure, jusqu'à la reconquête de la Crimée."

Offensive russe au printemps

En attendant, plusieurs pays ont annoncé de nouvelles aides importantes. C’est le cas du Royaume-Uni, qui va livrer 14 chars lourds Challenger 2, de la Suède, du Danemark, de la Finlande et des Etats-Unis.

Dans la liste des Américains ne figure toutefois toujours pas le char Abrams, l’équivalent du Leopard 2.  

Le général américain Mark Milley (à droite) estime qu'il sera difficile de chasser l'armée russe du territoire ukrainien d'ici la fin de l'annéeImage : Wolfgang Rattay/REUTERS

"La population ukrainienne nous regarde. Le Kremlin nous regarde. Et l'histoire nous regarde", a lancé le secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin. Les Etats-Unis disent s'attendent à une contre-offensive de l'Ukraine au printemps. Lloyd Austin a souligné ce vendredi qu'il s'agissait pour les alliés d'aider Kiev à s'y préparer.

Moscou a réagi en assurant que la livraison d’armes lourdes ne changera rien. Pour le Kremlin, les pays occidentaux entretiennent l'"illusion" d'une possible victoire ukrainienne "sur le champ de bataille". 

"D'un point de vue militaire, je maintiens encore qu'il sera très très difficile d'expulser les forces russes de toutes les zones d'Ukraine occupées", a déclaré le chef d'état-major américain.