Menaces envers les défenseurs des droits humains au Sahel
20 février 2025
Le rapport publié jeudi (20.02.2025) note un "alignement des autorités de la région dans la répression" et un "musellement de la société civile et de toute voix discordante".
Il documente 61 cas de violations commis entre janvier 2020 et septembre 2024 au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.
Les violations vont des disparitions forcées aux arrestations arbitraires, enlèvements en passant par des messages de haine parfois envers les familles de ces activistes et des actes de torture.
Pour Drissa Traoré, chargé de programmes senior pour la région du Sahel à la FIDH, "quand on dit 61 cas, ce n’est pas forcément 61 victimes derrière, c’est plus que ça". Il ajoute sur la DW que "ces défenseurs sont réprimés parce que les autorités de ces pays ne veulent pas que leurs voix soient entendues par l’opinion".
Contexte d’impunité
Ceux qui subissent ces violations dans "un contexte d’impunité et d’effondrement de l’Etat de droit" sont notamment, selon la FIDH et l'OMCT des activistes et membres d'associations, des journalistes, des professeurs. Leur tort, avoir pris position contre des pratiques attentatoires aux droits humains qui se déroulent dans ces pays dirigés par des militaires et le Tchad.
Drissa Traoré de la FIDH explique que "plusieurs de ces autorités ont adopté une politique d’isolement qui consistent à s’enfermer sur elles-mêmes pour ne pas être interpellées par les institutions internationales et régionales".
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT) citent le cas de l'économiste malien et professeur d'université Etienne Fakaba Sissoko détenu depuis fin mars 2024.
Au Burkina Faso, au nom du décret portant mobilisation générale et mise en garde, "une dizaine de défenseurs" des droits de l’Homme ont été réquisitionnés pour aller combattre au front, note le rapport qui revient notamment sur les réquisitions de Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, membres du collectif Balai citoyen. Un an après, le mouvement Balai citoyen a appelé mercredi (19.02.2025) à leur libération immédiate et sans condition.
Le même plaidoyer est fait par la FIDH et l’OMCT dans leur rapport : à savoir la libération des défenseurs des droits humains "arbitrairement détenus". Elles appellent aussi à garantir leur action légitime de défense des droits humains.
Drissa Traoré espère un retour à l’ordre constitutionnel notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso, pour, ajoute-t-il, une réouverture quoique relative de l’espace civique et démocratique.