En 2014, Souleymane Manou prenait les armes pour défendre l’enclave musulmane du PK5 à Bangui, théâtre d’affrontements sanglants entre milices chrétiennes anti-balakas et groupes d’autodéfense musulmans. Aujourd’hui reconverti en couturier, il regrette profondément son passé de combattant.
"Les armes ne sont pas la solution. Nous avons perdu des proches, des biens, et notre dignité", confie-t-il, désormais engagé pour la paix et la cohésion sociale.
Entre 2012 et 2018, le conflit intercommunautaire a fait entre 3 000 et 6 000 morts selon l’ONU. Douze ans plus tard, les cicatrices commencent à se refermer. Souleymane tend la main à la communauté chrétienne et appelle à l’unité : "La guerre ne profite à personne. La paix est essentielle pour que notre pays avance."
Réconciliation et appel à la justice
À la paroisse Saint Michel, détruite en 2014 en représailles à des attaques contre des mosquées, l’abbé Benjamin Tito Soya, ancien curé de Saint Mathias, salue le repentir des anciens combattants : "C’est humain de regretter. Cela montre une prise de conscience."
Du côté musulman, Ali Ousmane, coordonnateur des organisations musulmanes (COMUC), souligne les efforts de réconciliation. Un pacte de non-agression a été signé entre les habitants du PK5 et ceux de Boeing Bimbo 3, marquant une étape importante vers la paix.
Mais pour lui, la justice reste indispensable : "Il faut que les auteurs des massacres soient jugés et condamnés. La paix ne peut se construire sans justice."
Aujourd’hui, chrétiens et musulmans se côtoient à nouveau dans le marché du PK5, poumon économique de Bangui. Un symbole fort d’un vivre-ensemble retrouvé, après des années de division et de violence.