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Les centres de la CMU pris d'assaut en Côte d'Ivoire

15 août 2023

La couverture maladie universelle est désormais obligatoire pour certaines démarches administratives en Côte d'Ivoire.

Deux mains gantées de soignant s'apprêtent à donner une injection du vaccin contre Ebola dans le bras d'un patient dont on ne voit que le haut du t-shirt et du bras dénudé (photo de 2021)
La CMU permet d'accéder à des soins mais c'est aussi un sésame requis pour de nombreuses démarches administratives comme l'obtention du permis de conduire en Côte d'IvoireImage : Luc Gnago/REUTERS

En Côte d’Ivoire, les centres d’enrôlement pour obtenir la couverture maladie universelle (CMU) sont très prisés ces derniers jours par des étudiants et par des parents d’élèves. La CMU est désormais obligatoire pour s’inscrire à l’école ou à l’université ou pour passer un concours de la fonction publique. Toute personne qui désire obtenir un passeport, un permis de conduire ou tout autre document administratif doit aussi apporter un justificatif. Conséquence, c’est la course au précieux sésame.

Des files d'attente à Cocody

Couchés ou assis à même le sol, ils sont plusieurs dizaines de personnes à attendre leur tour au centre d’enrôlement du lycée hôtelier du quartier de la Riviera Golf dans la commune de Cocody. 

Certains à l’instar de Barthélemy Assamoi, étudiant, ont passé la nuit ici, espérant finaliser leur dossier d’enrôlement. "J’ai dormi ici depuis hier 21heures, raconte le jeune homme.  Si je ne passe aujourd’hui, ça ne sera pas joli. Aujourd’hui, l’Etat nous dit si tu n’as pas ça, tu ne peux pas aller à l’école.’’

C’est la deuxième fois, que Rita Yéo se déplace pour obtenir au moins le récépissé de son enrôlement à la couverture maladie universelle, afin de pouvoir inscrire ses enfants à l’école, à la rentrée prochaine. 
La mère de famille témoigne : "Il faut se lever à 2h du matin, s’apprêter et prendre le taxi compteur pour venir ici vers 3h. Depuis 3h et demi, je suis ici. On n’est pas sûr d’être pris en charge aujourd’hui même. C’est fatiguant."

Déchets recyclables contre assurance maladie

03:27

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Mathias Atta, un parent d’élève, attend lui aussi depuis plusieurs heures. Il n’espère pas que la CMU lui permettra de se faire rembourser des frais d’hôpital, mais sa préoccupation, ce sont ses enfants qu’il doit inscrire à l’école : "Ceux qui ont eu ça avant moi, disent que, quand ils vont dans les hôpitaux, vraiment ça ne passe pas bien. Donc ça ne m’intéressait pas. C’est parce qu’ils ont associé ça à l’inscription des enfants que je suis venu. Sinon, je ne serais jamais venu faire."

Une couverture santé perfectible

Depuis sa création en 2019, jamais la CMU n’a suscité autant d’intérêt. 

Certains Ivoiriens qui se sont inscrits l’ont regretté, estimant que la CMU est inefficace, à l'instar de
Florent et Jacob, deux détenteurs de la carte CMU qui ne cachent pas leur colère.  
"La CMU c’est une grosse arnaque, déclare Florent. Ça ne marche pas. Moi j’ai ma carte CMU sur moi mais je ne l’ai jamais utilisée."
Pour Jacob, "L’Etat qui dit qu’aujourd’hui c’est obligatoire d’avoir la carte CMU, n’a jamais produit une liste des hôpitaux ni des pharmacies qui sont agréées.’’  
Ces témoignages négatifs sont pourtant sans conséquence sur l’afflux vers les centres d’enrôlement. 
Le ministre de l’Emploi et de la protection sociale Adama Kamara a d’ailleurs autorisé l’ouverture de 900 bureaux additionnels d’enrôlement à la couverture maladie universelle. 3000 agents sont recrutés pour recevoir les demandes.