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RDC : l'AFC/M23 nomme des magistrats dans le Kivu

6 novembre 2025

Les candidats retenus auront désormais la charge de relancer les instances judiciaires dans les zones sous contrôle des rebelles, mais leur crédibilité fait débat.

Un avocat devant un palais de justice à Goma
378 magistrats ont été retenus pour relancer les institutions judiciaires dans les zones sous occupation rebelleImage : Arlette Bashizi/REUTERS

Les rebelles de l'AFC/M23, qui occupent plusieurs territoires des provinces duNord et du Sud-Kivu dans l'Est de la République Démocratique du Congo, ont annoncé la publication de la liste définitive des magistrats retenus à l'issue du test d'évaluation auquel ils ont été soumis par la commission de relance de la justice.

Mais Les populations doutent de l'impartialité des 378 magistrats retenus pour relancer les institutions judiciaires dans les zones sous occupation rebelle de l'Est de la RDC, sachant que ces rebelles sont en partie responsables des graves crimes commis dans le Nord et le Sud Kivu.

Comme le souligne Christian Chiruza, habitant de Goma, il n'attend quasiment rien de ces magistrats, car la confiance envers ces institutions est profondément ébranlée.

"Tout ce que nous pouvons attendre de cette justice, c'est l'ouverture des procès contre tous ceux qui ont commis des crimes et des violations des droits humains depuis janvier jusqu'à aujourd'hui. Malheureusement, cela ne peut jamais arriver, et donc nous n'attendons rien de spécial de leur part, à part des règlements de comptes et la résolution de petits soucis entre habitants", assure-t-il au micro de la DW.

Une justice parallèle

Le juriste congolais Pascal Shamavu, qui a fui la région depuis l'avancée des rebelles de l'AFC/M23, doute également que ces magistrats nommés par les rebelles rendent véritablement justice. Selon lui, ces juges ne feront que violer leur serment d'hommes de droit, dans une région sous contrôle rebelle et avec une administration parallèle.

"Non seulement ces instances judiciaires n'auront aucune légitimité, mais elles n'auront pas non plus de crédibilité. Les gens se demandent sur quelles bases légales elles seront fondées. Des juristes engagés par une rébellion ne seront jamais neutres et se sentiront toujours coupables de violer, au quotidien, le serment qu'ils avaient prêté devant le drapeau", affirme-t-il.

Des entités illégales

Alors que les démarches diplomatiques se poursuivent pour rétablir l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire de la RDC, Pecos Kulihoshi, un défenseur des droits humains, estime que cette démarche n'aura aucun effet durable.

"Ces nouvelles autorités qui occupent les entités ne sont ni légales, ni légitimes. Dans ce sens, tout ce qu'elles peuvent faire est de nature provisoire tant qu'elles sont encore en place. Mais puisque cette rébellion devra nécessairement cesser d'exister à un moment donné, tout ce qu'elle aura mis en place pourra être soit réduit, soit annulé complètement pour que l'État reprenne ses droits", explique-t-il.

Maintenant que les magistrats sont désignés, il reste à déterminer quand ces instances seront véritablement opérationnelles. Officiellement, elles auront pour mission de rétablir la justice dans ces zones, où de nombreux cas de violations des droits humains sont régulièrement signalés.