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A Beni, la résistance s'organise contre le M23

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Pascal Mapenzi | Jonas Gerding
6 juin 2025

Les forces de la RDC sont désormais installées à Beni, au nord de Goma, où la résistance contre la rébellion du M23 s’organise. Les dernières positions de l'armée se situent en territoire de Lubero, où l’armée se prépare à toute éventualité, tandis que les négociations se poursuivent à Doha et à Washington entre le gouvernement congolais et la coalition AFC-M23.

Le colonel Alain Kiwewa est responsable du territoire de Lubero. Ce territoire est l'un des cinq attaqués par le M23, sur les six que compte le Nord-Kivu.

Depuis juin 2024, les rebelles en contrôlent une partie. Ils se sont emparés d'autres villages il y a quelques semaines. Depuis, la situation est un peu plus calme sur la ligne de front.

"Le problème est que cela a entraîné un afflux de déplacés maintenant vers ici", affirme Alain Kiwewa.

Le 23 avril 2025, la RDC et la coalition de l’AFC/M23 ont publié une déclaration conjointe en faveur d'une cessation des hostilités, mais la trêve reste vague et précaire.

"On nous demande le cessez-le-feu et nous sommes dans le cessez-le-feu. Mais cela ne veut pas dire que vous êtes dans le cessez-le-feu, c'est le statu quo et tout ça, non ! S'il faut répondre, on répondra" prévient l'administrateur du territoire.

L'armée ougandaise déployée dans le territoire de Lubero

Le territoire de Lubero possède de riches terres agricoles et des minerais précieux comme l’or, le coltan, le diamant ou la cassitérite. Il est aussi la porte d'entrée vers les villes de Butembo et Beni, situées plus au nord de Goma.

Présents en RDC depuis 2021 dans le cadre d’une opération conjointe avec les FARDC, la présence de l’armée ougandaise est dissuasive à Lubero et  permet d’empêcher la progression du M23 vers Butembo et Beni.

Mais sur place, les populations se préoccupent plus des conséquences de la guerre sur leur survie. Les habitants de Beni, par exemple, dépendent des denrées alimentaires provenant de Lubero, y compris des zones tenues par les rebelles. Conséquence : les commerçants comme Jacquie Mwenge ont dû augmenter leurs prix.

"Quand il faut sortir les vivres des zones contrôlées par le M23, on doit payer des taxes et déclarer nos marchandises. C’est comme ça que le prix devient plus élevé qu’avant", témoigne la commerçante.

Un "recommencement" à Beni

C'est le général Evariste Somo qui gouverne la province du Nord-Kivu depuis la mort, en janvier, du général Peter Cirimwami, lors de la prise de Goma.

Il travaille désormais dans un hôtel pris en location à Beni, où l’administration de la province a été transférée après que les rebelles du M23 se sont emparés de la capitale provinciale.

"Il y a beaucoup de défis. Du fait d'abord que Goma a été encerclé pendant un certain temps et lorsque Goma est finalement tombé entre les mains de l'ennemi, c'était une grande catastrophe. Donc ici c'est un recommencement. Nous sommes en train de refaire l'administration à partir de néant mais je peux vous assurer que nous sommes en train d'en sortir."

Le village de Colette Mohoni a été pris par le M23. Elle s'est réfugiée à Beni avec neuf de ses onze enfants. Son mari, resté au village, a été tué par les rebelles.

"Lors des combats, avant même que le M23 prennent Kanyabayonga, nous avons assisté à des pillages, des assassinats, des crépitements des balles, des désordres, des viols des femmes et jeunes filles, c’est quand on a vu tout ça, qu’on a décidé de se déplacer", témoigne Colette qui ne voulait pas voir ses filles "subir cette barbarie".  

La paix, une question existentielle pour les déplacés

Fin avril 2025, le gouvernement congolais et rwandais ont signé, aux Etats Unis, une déclaration de principe en faveur de la paix dans l’est de la RDC. Les deux pays ont fixé un délai pour parvenir à un projet d'accord de paix. Initialement prévu le 2 mai, cet accord est attendu pour le mois de juin.

"Légalement, les Congolais n'ont jamais fermé la porte à qui que ce soit et si la communauté internationale nous appuie aujourd'hui pour avoir cette paix qui va permettre finalement que les affaires puissent être relancées, c'est bienvenu et moi je suis d'accord avec tout ça", affirme le gouverneur Evariste Somo.

"Cette guerre ne finira pas par les armes, mais par le dialogue", estime pour sa part Colette Mohoni qui espère que les belligérants trouveront un accord et que la paix revienne dans l'est de la RDC.

En attendant que les parties au conflit finalisent leur accord, sous la médiation des États-Unis et du Qatar, les armes sont bien positionnées sur la ligne de front.