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Bukavu...trois mois sous contrôle rebelle

16 mai 2025

Cela fait maintenant trois mois que la ville de Bukavu ainsi que plusieurs localités stratégiques de l’est de la RDC, vivent sous le joug des rebelles de l’AFC-M23.

Des manifestants se tenant derrière des soldats à Bukavu.
Des éléments de l'AFC/M23 contrôlent la ville stratégique de Bukavu qu'ils occupent depuis trois mois. Image : Ernest Muhero/DW

Restrictions politiques et limitation des libertés de manifester figurent en tête des préoccupations exprimées par les habitants des zones occupées par le M23. Kaganda Mulume-Oderhwa Doudou, directeur scientifique du Centre de Recherches et d’Études sur les Conflits et la Paix dans la Région des Grands Lacs (CRECOPAX-GL), actuellement basé à Bukavu, décrit la situation dans sa province.

Selon lui, "ceux qui mènent des activités contraires à la volonté de l’AFC-M23 sont soumis à une certaine violence". Il souligne également "la persistance de la violence urbaine, même si l’on observe par moments une légère amélioration du niveau sécuritaire."

Un constat sécuritaire partagé par Samy Jean Takimbula, président par intérim de la société civile du Sud-Kivu"Plusieurs zones de santé sont frappées par des épidémies comme la rougeole, le mpox ou encore le choléra. Il est urgent que les autorités collaborent avec les organisations non gouvernementales pour mettre en œuvre des programmes de développement économique et social afin d’améliorer les conditions de vie des populations", alerte-t-il en insistant sur une dégradation préoccupante de la situation sanitaire, depuis l’arrivée duM23 dans la province.

Les populations civiles de Goma et Bukavu espèrent retrouver une paix durable et une issue politique à la guerre. Image : Ernest Muhero/DW

Au-delà des aspects sécuritaires et sanitaires, c’est la situation économique qui pèse lourdement sur les populations. Depuis la prise de Goma, toutes les banques ont fermé, sur instruction du gouvernement central, provoquant une asphyxie financière dans les territoires occupés.

Des négociations dans l'impasse

Dieudonné Mushagalusa, président du panel des experts de la société civile, espère que les médiations en cours entre Kinshasa et l’AFC-M23, notamment à Doha, pousseront les autorités à reconsidérer cette mesure.

"Pourquoi sacrifier la population ? Pourquoi la prendre en otage ? Si les politiques doivent se rencontrer, il faut permettre à la population de vivre, d’accéder à son argent. C’est son argent, il n’y a rien qui justifie qu’on lui en interdise l’accès alors qu’elle n’a rien fait de mal", dit l'expert congolais. 

Aujourd’hui, les espoirs des populations reposent sur les négociations de Doha et sur l’implication des États-Unis, pour un éventuel retour de la paix dans l’est du pays.