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En RDC, des candidats dénoncent la Céni

Jean-Noël Ba-Mweze
11 janvier 2024

Plusieurs dizaines de candidats dont les suffrages ont été invalidés par la Céni, s'offusquent de ne pas pouvoir sortir du pays.

RDC, élection présidentielle 2023 | Machine à voter à Lubumbashi
La Céni accuse 82 candidats de fraude, corruption, bourrage d'urnes et détention illégale de machines à voter. Image : Patrick Meinhardt/AFP/Getty Images

La décision de la Céni produit déjà ses effets. L'Assemblée provinciale de Kinshasa a levé mardi les immunités de Gentiny Ngobila, gouverneur de la capitale afin qu'il se mette à la disposition de la justice. Parmi les autres figures incriminées, on compte des ministres, des gouverneurs de provinces, des sénateurs et des députés.

Plainte devant le Conseil d'Etat 

Mais, une vingtaine de candidats concernés par la décision de la commission électorale ont saisi le conseil d'Etat. Ils accusent la commission d'avoir outrepassé sa compétence et d'avoir prononcé sa décision sans les avoir entendus.

"La Céni n'a pas vu de preuve sur moi" (Nsingi Pululu)

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L'un d'entre eux, le député national Nsingi Pululu, également un des administrateurs de la société nationale d'électricité, la SNEL, affirme avoir saisi la Céni : 

"La Céni n'a pas vu de preuve sur moi. Il n'y a rien comme indice qui prouve que j'avais une machine à voter. En ce qui concerne ma qualité en tant qu'administrateur de l'entreprise publique, je ne peux pas démissionner d'autant plus qu'il n'y a rien comme problème. C'était juste une erreur de transcription des noms. La Céni va corriger."

Demande d'enquête indépendante

Pour certains analystes, il faut une enquête indépendante car le nombre de candidats invalidés est de loin faible. Par ailleurs, ils sont en majorité issus de l'Union sacrée, la coalition du président Félix Tshisekedi.

Une opération politique bien planifié selon le professeur Florimond Muteba, président de l'observatoire de la dépense publique, l'ODEP : 

"Les machines c'est le monopole de la Céni qui les a importées et les a stockées. Elles sont sorties de là comment ? Il y a beaucoup de gens qui ont été aussi accusés mais qui ne sont pas invalidés ! C'est un niveau qui mérite qu'on annule tout le processus électoral. L'appartenance à l'Union sacrée confirme ce que je viens de dire. La hiérarchie a aussi profité de ça ! Ces gens avec toutes leurs machines, ils bourraient les urnes rien que pour eux ? Ils n'ont pas bourré les urnes pour leur chef ?" s'interroge le professeur, au micro de la DW. 

L'Union sacrée en cause ? 

Augustin Katukadiunda, analyste politique et président du groupe de presse La Cloche, salue la décision de la Céni, une institution indépendante qui, selon lui, prouve là qu'elle est engagée contre la fraude électorale.

Cependant, l'analyste dit ne pas croire à une implication de l'Union sacrée de Félix Tshisekedi dans ces fraudes.

"Moi je dis que si la hiérarchie connaissait tout ça, ça ne pouvait pas passer. La hiérarchie ne savait pas. Ce qui fait regretter les gens est que c'est la première dans l'histoire des élections en République démocratique du Congo. La hiérarchie n'y est pour rien dans cette affaire."

Tous les gouverneurs de provinces  affectées par cette affaire sont désormais à Kinshasa où ils ont été urgemment rappelés par Peter Kazadi, vice-premier ministre en charge de l'intérieur.

 

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze