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Les enfants déplacés d'Oicha renouent avec l’école

Pascal Mapenzi
4 juin 2024

À Oicha, dans l’est de la RDC, certaines organisations s’organisent pour scolariser les enfants déplacés internes, privés de scolarisation après avoir dû fuir leur village.

Un camp de déplacés à Bambuti en RDC
Plus de 200 familles de déplacés vivent dans des écoles à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. De nombreux autres déplacés vivent dans des familles d’accueil ou dans des camps dédiés déjà érigés dans la ville. Image : John Kanyunyu

Des associations locales se mobilisent pour aider les enfants déplacés en leur payant des uniformes et des fournitures. Une fois à l’école, ils suivent les cours avec les autres enfants et essayent ainsi d’oublier le passé.

 C’est dans la ville d’Oicha, dans l’est de la République démocratique du Congo, que la majorité des enfants déplacés ont été accueillis dans les écoles. C’est le cas de l’école primaire Amani, au centre d’Oicha, qui accueille au moins 600 enfants déplacés, dont 109 enfants pygmées.

Des enfants soulagés

Rencontrés durant la récréation, ces nouveaux élèves sont heureux et soulagés de reprendre les cours qu’ils ont dû arrêter quand ils ont fui leur village.

"Nous sommes venus parce qu’on nous a demandé de le faire, en promettant de nous doter des fournitures scolaires pour que nous continuions les études", a déclaré l’un d’eux.

La région de Beni dans le Nord-Kivu, est depuis une dizaine d’années sous menace de l’ADF, une rébellion d’origine ougandaise. Nombreux civils ont trouvé refuge à Oicha. Image : John Kanyunyu

"Je me suis inscrite en troisième année primaire. On a fui la guerre et j’ai ainsi arrêté les études. Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de reprendre les cours", a estimé un autre.

"Je n’avais pas commencé avec les autres parce que je n’avais pas de cahiers et d’uniformes. Je ne veux plus qu’on arrête les cours, à la maison on n’avait rien à faire", qui vient de rejoindre les deux élèves.

Un défi pour les enseignants

Lydie Kavira enseigne en deuxième année dans cette école primaire et dans sa classe de cinquante élèves, il y a quinze enfants déplacés.

"Ces écoliers vivent bien entre eux. Les enfants déplacés se sentent bien en classe et se sont déjà créés des amis. Ils sont vraiment épanouis. Je leur apprends comment vivre ensemble. Par exemple, les enfants pygmées, qui avaient un comportement plus méfiant, s'adaptent et vivent finalement bien avec les autres. Ils sont heureux de vivre en ville. Quand je suis en face des enfants dont les proches ont été tués, je leur demande de considérer leurs condisciples comme des frères et sœurs et de me considérer comme leur mère, et là ils sont joyeux. Nous leur montrons comment ils peuvent tous construire leur avenir et oublier le passé", a fait savoir Lydie Kavira.

Les écoles qui ont intégré ces enfants déplacés ont dû aménager de nouvelles salles de classe. Jean-Baptiste Migheri, un prêtre de la congrégation des pères assomptionnistes, coordonne le réseau de solidarité mis en place pour aider les enfants déplacés à accéder à l’école.